Le Journal de Montreal - Weekend

Notre académie et sa cousine française

- Guy Fournier Collaborat­ion spéciale gfournier@journalmtl.com

J’ai vu à TF1 plusieurs galas de Star Academy, dont le premier qui a couronné l’excellente Jennifer, et j’ai regardé presque tous les galas de notre Star Académie (avec un accent et sans le « y » anglais) ! Cette année, je n’ai pas manqué un seul et j’ai essayé d’évaluer ce qui fait la différence entre les galas français et les nôtres.

Sur l’autre rive de l’atlantique, la Star Ac a eu ses détracteur­s. Nous avons eu les nôtres. Le chanteur Renaud a même écrit une chanson pour dénoncer « ces pop stars de mes deux, qui sont à la musique ce que le diable est au bon Dieu ! ». Heureuseme­nt que ni Michel Rivard ni Biz de Loco Locass ne sont allés aussi loin, car ils auraient l’air joliment vire-capots aujourd’hui !

PLUS D’AUDIENCE QU’EN FRANCE

Côté audience, Star Académie a toujours fait mieux. TF1 a rejoint jusqu’à 20 % de la population totale de la France avec ses premières finales, alors que Star Académie a déjà réuni presque 40 % des Québécois devant le petit écran. L’audience a diminué dans les deux pays : autour de 15 % ici, mais de moitié en France. Se montrant très gourmande, TF1 n’a pas fait preuve de prudence en présentant huit saisons de Star Academy du 20 octobre 2001 au 19 décembre 2008 ! TVA et les Production­s J ont été plus sages, se contentant de cinq cuvées de 2003 à aujourd’hui.

En 2003, Star Académie avait vendu plus de 530 000 albums, des ventes qui ont chuté de moitié dès la cuvée suivante. Elles sont restées les mêmes par la suite et nous saurons bientôt si le nouvel album pourra résister à la dégringola­de des ventes de disques. Compte tenu de la population, Star Académie a largement mieux vendu que sa cousine française. Si celle-ci a vendu 1 400 000 albums en 2002 et encore plus les deux saisons suivantes, les ventes n’ont même pas atteint 30 000 albums en 2008 !

Des deux côtés de l’atlantique, la série d’émissions a créé des vedettes instantané­es, même avec les artistes qui n’ont pas gagné la finale. En France, Jenifer, Nolwenn Leroy, Quentin Mosimann, Olivia Ruiz et quelques autres font une jolie carrière. Comme ici, Maxime Landry, Brigitte Boisjoli, Annie Villeneuve, William Deslaurier­s ou Wilfred Le Bouthillie­r, sans parler de Marie-mai et Marie-hélène Thibert.

DES VEDETTES INTERNATIO­NALES

Quand j’ai vu les premiers galas français, j’ai été estomaqué par l’opulence des décors, la richesse des éclairages, la qualité de la réalisatio­n et l’importance des vedettes invitées : Andrea Bocelli, Phil Collins, Britney Spears, Elton John, Beyoncé, Mariah Carey, Madonna et les canadienne­s Nelly Furtado et Céline Dion. Jamais, avais-je pensé, les Production­s J ne pourront attirer des vedettes de cette qualité, Céline mise à part, compte tenu de son amitié pour Julie Snyder.

UNE DIFFÉRENCE CONSIDÉRAB­LE

Je me suis glorieusem­ent trompé, car ont défilé sur le plateau de Star Académie les Patrick Bruel, Francis Cabrel, Julien Clerc, Bryan Adams, Lady Gaga, Michel Legrand, Kent Nagano, Roger Hodgson, Zachary Richard, Simple Plan et plusieurs autres jusqu’à Johnny Halliday, dimanche dernier. Fallait une grosse pointure pour empêcher le Super Bowl de marquer un touché contre Star Académie ! Entre la mouture française et la nôtre, il y a une énorme différence. L’adaptation du concept original qu’a concoctée Stéphane Laporte est beaucoup moins « voyeuse » qu’en France et l’empathie de l’animatrice, de nos juges et de nos profs n’a aucune commune mesure. C’est sûrement à cette empathie qu’on doit les élans généreux de Halliday à l’endroit des jeunes académicie­ns et… le flot de larmes qui coulent chaque dimanche. On pourrait presque irriguer les pays du Sahel ! Mais n’allons pas faire le reproche à la télé de montrer trop d’émotion !

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