Le Journal de Montreal - Weekend
La grande aventure solo
Ines Talbi a amorcé sa carrière musicale au sein de Mimosa, groupe avec qui elle a remporté les Francouvertes, en 2007. C’est en se lançant dans la création de nouveau matériel pour elle et ses complices, lors d’un voyage en Suisse, qu’elle se surprend à emprunter une nouvelle direction, suivant simplement son instinct. De retour au pays, la jeune femme avait, entre les mains, ce qui allait devenir le premier album d’ines Talbi. Trois ans après avoir emprunté cette route solo, elle présente enfin le fruit de son travail, un disque intitulé Boarding Gate.
« Je pense que Mimosa faisait partie d’une autre étape de ma vie. À un moment donné, tu vieillis et tu as seulement envie d’aller ailleurs, d’explorer autre chose, a expliqué l’artiste, rencontrée dans un petit café de la rue Saint-denis. Je pense que tout ça est arrivé naturellement. Quand j’ai annoncé la nouvelle aux autres, ils étaient seulement contents pour moi. »
Boarding Gate est né d’un voyage outreAtlantique lors duquel Ines Talbi a collaboré avec le musicien Daniel Bleikolm, qui était établi à Lausanne, en Suisse, à l’époque. C’était en 2009.
« Je le connaissais déjà parce qu’il était venu à plusieurs reprises à Montréal avec K, a raconté Ines. Nous sommes allés prendre des cafés, nous avons commencé à jouer ensemble et nous avons réalisé que nous étions dans le même buzz créatif. Finalement, nous avions emprunté un chemin, ensemble. » Bien entourée, Ines a également pu profiter du savoir-faire de Pierre-philippe « Pilou » Côté, ancien collègue de Mimosa qui a collaboré avec plusieurs artistes comme Ariane Moffatt, David Giguère et DJ Champion.
« Toutes les chansons sont de moi. Il y a quelques compositions, mais c’est surtout au niveau des arrangements que Daniel et Philippe ont contribué à l’album », explique Ines, qui interprète la chanson I
Know You Know en duo avec Pilou, qu’elle qualifie de « musicien hors-pair ».
« C’est lui qui a écrit les arrangements du quatuor à cordes que l’on entend sur les chansons No Future et At The End. À la base, il n’y en avait pas (...) Je lui disais quelle note je souhaitais entendre, je parlais d’ambiances, et il écrivait. »
VOYAGES ET RENCONTRES
Ines Talbi a écrit la moitié des douze pièces qui se retrouvent sur Boarding Ga
lors de son séjour en Suisse. Par contre, l’artiste tient à préciser que ses composi- tions ont continué d’évoluer avec le temps, selon ce que la vie lui inspirait.
« Je peux regarder un film et avoir envie d’écrire une chanson, a-t-elle expliqué. Que ce soit ici ou en Suisse, c’est souvent en marchant dans la rue que l’inspiration pour une mélodie me venait. Ç’a l’air un peu quétaine de dire ça, mais c’est vraiment la vie qui m’a inspirée. »
À la fois folk et pop-alternatives, les chansons qui se retrouvent sur ce disque sont majoritairement interprétées en anglais. Selon leur créatrice, cette décision artistique relève d’un simple concours de circonstances.
« Je n’ai pas choisi l’anglais. J’ai composé plusieurs chansons, et lorsqu’est venu le temps de choisir, nous avons pris celles qui étaient les plus proches de ce que je voulais partager, a-t-elle expliqué, précisant qu’elle aurait aussi bien pu écrire en arabe, elle qui est Tunisienne d’origine. Je ne m’arrête pas à la langue. »
La seule chanson en français, c’est la très belle Derrière la pluie, écrite par Ines et le rappeur français Oxmo Puccino, qui font tous les deux parties de la grande famille de Kartel Musik: « Je l’ai rencontré après un concert et c’est mon producteur qui a lancé l’idée d’une collaboration. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. »
C’est lors d’un séjour en Belgique, où elle travaillait avec Daniel Bleikolm, qu’ines contacte Oxmo Puccino et lui demande s’il veut bien écrire les paroles d’une chanson qu’elle vient tout juste de composer. Le rappeur accepte avec plaisir.
« Je me suis rendue à Paris. Ç’a tellement été l’fun et facile. Nous étions chez lui, installés dans la cuisine, et nous avons créé quelque chose ensemble. Il n’y avait rien de
glam dans l’exercice. C’était parfait. »