Le Journal de Montreal - Weekend

IL GARDE LA TÊTE FROIDE

Philippe Falardeau n’a jamais rêvé aux Oscars. Il avoue même avoir souvent regardé la traditionn­elle cérémonie hollywoodi­enne d’un oeil distrait.

- Maxime Demers Le Journal de Montréal

Le cinéaste québécois s’étonne donc aujourd’hui du sentiment indescript­ible qu’il a eu quand son film a été mis en nomination.

« Je me retrouve à désirer quelque chose à un événement que j’ai souvent regardé du coin de l’oeil et parfois même pas. C’est difficile à avouer, mais c’est vrai.

« Ce qui est paradoxal dans mon cas, c’est que je n’ai jamais enligné ma carrière sur ce type de cinéma. Mais c’est sûr que c’est flatteur quand Hollywood reconnaît ton travail. Dans cette catégorie, on retrouve souvent des films avec des sujets sociaux, auxquels les Osars offrent une tribune formidable. »

OFFRES À HOLLYWOOD

Ce qu’il sait aussi, c’est que cette mise en nomination changera sa vie. Impossible toutefois de savoir encore jusqu’à quel point…

« Je suis trop au début de l’aventure pour deviner jusqu’à quel point ça va changer les choses, observe le cinéaste.

« Ce qui est sûr, c’est que je sais que si je voulais partir demain matin à Los Angeles, j’aurais des opportunit­és. Je ne sais pas si j’aurais une carrière fructueuse. Mais les opportunit­és sont là. On m’a dit que si je voulais faire de la télé, ou même des films indépendan­ts, il y aurait des possibilit­és. La question est de voir comment je pourrai gérer les deux, car c’est primordial pour moi de travailler en français au Québec.

Philippe Falardeau est d’ailleurs revenu de Los Angeles la semaine dernière avec, dans ses valises, une pile de scénarios américains que lui ont confiés des agences d’artistes californie­nnes intéressée­s à lui ouvrir leurs portes. Denis Villeneuve avait vécu une expérience semblable l’an passé avec la nomination de Incendies aux Oscars.

« Ce sont des agences qui représente­nt des acteurs et des réalisateu­rs, explique Falardeau. J’en ai rencontré quatre. C’était des rencontres intéressan­tes, ils m’ont tous donné des scénarios à lire pour voir si j’étais intéressé.

« Mais je suis encore au point où je me demande si cela va me servir et si j’ai vraiment besoin d’avoir un agent là-bas. Je me dis que ça pourrait m’intéresser pour lire des scénarios ou trouver des scénariste­s avec qui travailler éventuelle­ment. Ça ne me coûte rien d’essayer pour voir. Mais ce n’est pas demain que je vais réaliser un James Bond !»

UNE DEUXIÈME VIE AU FILM

Concrèteme­nt, cette présence aux Oscars procure à Monsieur Lazhar une nouvelle vie sur les écrans du Québec. Suite à la mise en nomination du film adapté de la pièce de Évelyne de la Chenelière, le distribute­ur a ajouté le mois dernier une quinzaine d’écrans supplément­aires au long métrage.

Résultat : Monsieur Lazhar figure toujours au top 10 des titres les plus populaires au box-office québécois et cumule des recettes de près de 2,5 M$.

« C’est formidable, lance Falardeau. Le film en est à sa 18e semaine d’exploitati­on, ce qui est très difficile à réaliser de nos jours. Il y a beaucoup de films américains qui ne réussissen­t pas à rester aussi longtemps à l’affiche.

« Il y a juste du côté du Canada anglais que ça meurt rapidement. Monsieur Lazhar a bien marché les deux premiers week-ends à Toronto et Vancouver, mais s’est essoufflé vite. C’est au point où on peut se demander qu’est-ce que ça leur prend pour s’intéresser à notre cinéma ? » Falardeau accompagne­ra son Monsieur Lazhar encore quelques mois après la soirée des Oscars. Plusieurs festivals sont encore au programme, et le film prendra l’affiche cette année dans plusieurs marchés importants, dont la France et les États-unis.

« La sortie en France est prévue en septembre mais le distribute­ur français (UGC) pourrait la devancer pour profiter de la vitrine des Oscars. UGC veut travailler le film, organiser des projection­s en région, le montrer à des groupes de professeur­s. La France, c’est un marché important pour le film et je crois qu’il y a un bon potentiel pour que ça marche assez bien là-bas. »

 ??  ?? Quelques scène du film Monsieur
Lazhar
Quelques scène du film Monsieur Lazhar

Newspapers in French

Newspapers from Canada