Le Journal de Montreal - Weekend
DU CINÉMA Á LA SCENE
Qu’ont en commun Le sens de l’humour, De père en flic, Les 3 p’tits cochons et Bon cop bad cop ? Ces quatre immenses succès du box-office québécois ont pu compter sur le savoir-faire du monteur Jean-françois Bergeron, lequel plonge aujourd’hui dans une to
Bergeron semble bien aimer son expérience jusqu’à présent. « Le cinéma, c’est lourd. C’est une grosse machine. Il y a beaucoup de monde impliqué. Quand tu veux changer quelque chose, c’est compliqué, explique-t-il. La scène, c’est différent. On forme une plus petite équipe. On peut se revirer sur un 10 sous s’il le faut. »
Selon Bergeron, Le bonheur répondra aux attentes des fans de Patrick Huard, qui attendent son retour sur scène depuis belle lurette. Au programme : des vérités qui « font mal », humour noir et ton grinçant. « Il parle beaucoup de nos travers et des relations hommes-femmes », révèle-t-il.
À LA DÉFENSE DE PATRICK HUARD
Jean-françois Bergeron a fait la connaissance de Patrick Huard en 2005, à l’occasion du tournage de la comédie policière Bon cop bad cop, d’érik Canuel. Les deux hommes se sont retrouvés un an plus tard, lorsque Huard a recruté ses services pour sa première réalisation, Les 3 p’tits cochons.
« Patrick est quelqu’un d’extrêmement sympathique et très professionnel, souligne Bergeron. Ça m’est arrivé de travailler avec des réalisateurs qui ne partageaient pas mes idées. Ça m’est aussi arrivé de collaborer avec des réalisateurs de talent, mais extrêmement désagréables. Dans ces cas-là, je ne réponds pas quand ils m’appellent pour un autre projet. La vie est trop courte. »
Jean-françois Bergeron n’a pas hésité à décrocher le combiné quand Patrick Huard l’a contac- té, quatre ans plus tard, pour lui demander s’il pouvait monter son deuxième long métrage, Filière 13.
En dépit des critiques négatives qu’a suscitées le film, Bergeron attend avec impatience la prochaine incursion cinématographique de Patrick Huard. « J’ai hâte. Je crois beaucoup en lui, ditil. Pour moi, Patrick, c’est une réelle découverte. C’est quelqu’un qui a un talent exceptionnel. Contrairement à ce qu’on a pu lire dans certains journaux, c’est un vrai réalisateur. Il a une vision, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Il y a des réalisateurs qui ne savent pas trop où ils s’en vont. Patrick a un langage bien à lui, mais en même temps, il a une grande ouverture d’esprit. C’est le meilleur des deux mondes. »
DU CLIP AU LONG MÉTRAGE
Finissant du programme d’art et technologie des médias du cégep de Jonquière, Jean-françois Bergeron a fait sa marque au début des années 1990 comme réalisateur de clips pour des groupes comme Too Many Cooks et Les Parfaits Salauds.
« À l’époque, on m’avait dit : « T’es meilleur monteur que réalisateur. » Sur le coup, ça m’avait insulté, mais quand j’ai vu que ça fonctionnait mieux pour moi comme monteur, j’ai compris : je n’avais pas le tempérament pour être réalisateur. »
Tout indique que Jean-françois Bergeron a pris la bonne décision puisque depuis le début de sa carrière, il a obtenu un nombre impressionnant de nominations dans différentes cérémonies de remise de prix. Cette année, il court notamment la chance de remporter le Jutra du Meilleur montage pour Le sens de l’humour.
« Ça fait plaisir, mais c’est quelque chose d’extrêmement difficile à juger, souligne-t-il. Je ne dis pas ça par fausse modestie ; ça dépend beaucoup du film sur lequel on travaille. »
L’automne dernier, Jean-françois Bergeron a complété le montage du Projet Omertà, de Luc Dionne. Dans quelques mois, il planchera sur Adam & Ève, la nouvelle série de Claude Meunier. Le tout, à partir de son propre studio de montage, qu’il a fait construire dans le sous-sol de sa maison.
« J’étais tanné de travailler dans des places où tu dois avoir une carte magnétique pour aller à la salle de bain, dit-il. Je voulais un lieu de création à moi, dans mes affaires. Je voulais pouvoir travailler quand ça me tente. En plein milieu de la nuit, si le coeur m’en dit ! » Le bonheur sera présenté au Théâtre St-denis à partir du 14 mars. Des représentations à Brossard, Drummondville, Québec, Sherbrooke, Ottawa, Joliette, Terrebonne et Trois-rivières sont également prévues.