Le Journal de Montreal - Weekend

DOUBLE FACE

- Vanessa Guimond VANESSA.GUIMOND@JOURNALMTL.COM

Si Tomas Jensen a une idole, c’est bien Caetano Veloso. Sur son nouveau disque Face A Face B, à paraître le 28 février, l’artiste propose deux relectures des chansons du musicien : une acoustique, la face A, et l’autre électroniq­ue, la face B. En attendant le successeur de Quelqu’un d’autre, qui verra le jour cet automne, Tomas Jensen invite le public à découvrir ou à redécouvri­r la musique d’une figure marquante de la culture brésilienn­e, mais aussi à plonger dans son nouvel univers, celui de la musique électro. Entretien avec un artiste qui se dit prêt à dévoiler sa « face B ». Comment avez-vous découvert le travail de Caetano Veloso ?

Mon père habite au Brésil depuis 40 ans (NDRL: Tomas est né en Argentine et a fui le pays, avec ses parents, pour des raisons politiques. Il a vécu quelques années au Brésil avant d’immigrer en France, puis au Québec). À l’âge de 19 ans, j’ai pris une année sabbatique et je suis allé lui rendre visite. C’est à ce moment que j’ai vraiment découvert Caetano Veloso. J’ai passé six mois au Brésil et c’est dans les jours qui ont précédé mon retour en France que je me suis mis à écouter ses disques. Je me rappelle avoir passé une nuit blanche, la veille de mon départ, à enregistre­r tous ses disques sur cassettes pour pouvoir les ramener avec moi.

Qu’est-ce qui vous a touché chez cet artiste ?

C’est l’un des plus grands mélodistes. Ses paroles, elles viennent me chercher, même si elles sont ludiques. Je trouve qu’il ne se prend pas vraiment au sérieux, même si on dit souvent de lui qu’il est narcissiqu­e. Il s’amuse tout le temps. Ç’a été un réel coup de foudre (...) Une fois rentré en France avec toutes les cassettes — c’était en 1990 — Caetano avec déjà une vingtaine de disques. Le temps d’intégrer tout ça, ç’a été quand même long. C’est ce qui m’a amené à découvrir tout l’univers de la bossa-nova.

Comment est né ce projet de disque hommage à la fois acoustique et électro ?

Au départ, ça ne devait pas être un hommage à Caetano Veloso. La bossa-nova et la musique du Brésil m’ont toujours suivi et j’avais simplement envie de faire un disque de chansons brésilienn­es, en at- tendant de sortir un nouvel album de compositio­ns. À la base, j’ai enregistré 13 ou 14 chansons, dont la moitié était de Caetano. Après la période d’enregistre­ment, un ami est passé chez moi. Comme je suis équipé pour mixer à la maison et que j’ai appris à faire des échantillo­nnages en m’intéressan­t à la musique électroniq­ue, au cours des dernières années, nous nous sommes mis à ajouter des boucles et différents sons aux chansons. Je trouvais que ça marchait bien. Finalement, j’ai enlevé les chansons que je trouvais moins réussies, ainsi que les chansons qui collaient moins bien à la musique électro, et je me suis retrouvé uniquement avec des pièces de Caetano Veloso. C’est devenu un hommage de cette façon. L’idée de faire moitié électro et moitié acoustique, elle, est vraiment née lors du passage de cet ami.

Sur ce disque, vous portez tous les chapeaux. Vous en avez assuré la réalisatio­n, les arrangemen­ts, le mixage, la prise de son et vous jouez de tous les instrument­s…

On peut dire que j’ai tout fait sauf la pochette (rires).

Réaliser des chansons électroniq­ues, c’est une première, pour vous ?

Oui, et c’est assez étrange. Mon remix préféré, sur ce disque, c’est vraiment celui de Lua lua lua, puisqu’à la fin, ça part un peu en drum'n'bass. Pour le reste, je me suis laissé guider par les chansons. Sur chacune, j’ai pu essayer différents styles jusqu’à ce que ça colle.

Reprendre des chansons d’un grand artiste deux fois plutôt qu’une, n’est-ce pas un exercice périlleux ?

Mon objectif de départ, c’était de reprendre les chansons de manière classique pour faire découvrir cet artiste aux gens qui ne le connaissen­t pas. Je n’avais pas d’autres intentions. J’espérais seulement donner envie aux gens d’aller écouter les originales. C’est pour cette raison que je voulais absolument garder la portion acoustique très simple. Après, le côté électro, c’était pour m’amuser.

En concert, vous allez donc devenir DJ…

Oui (rires). Je vais commencer en version acoustique et au bout d’un moment, je vais amener l’ordinateur, les claviers et les machines et je vais faire le DJ. J’aimerais bien que ce soit le début d’une nouvelle aventure.

Est-ce que vous comptez envoyer votre album au musicien que vous honorez ?

Oui, mais ça me rend nerveux. J’aime mieux ne pas y penser. Tomas Jensen sera en concert à Montréal le 28 mars, dans l’intimité de l’upstairs. Face A Face B sera disponible à compter du 28 février.

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Face A Face B, nouvel album de Tomas Jensen, sera disponible à compter du 28 février.
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