Le Journal de Montreal - Weekend

SOMBRE ET PERTURBANT

Dans les années 90, la communauté Rampart, patrouillé­e par les forces policières de la ville de Los Angeles (LAPD), était reconnue comme un véritable cloaque souillé par la corruption endémique.

- Liz Braun Agence QMI

Film de Oren Moverman.

Avec Woody Harrelson, Ice Cube, Sigourney Weaver, Ben Foster, Robin Wright, Anne Heche, Cynthia Nixon et Ned Beatty.

La division antigang (connue sous le nom de CRASH), en particulie­r, était au nombre des principaux suspects ; au cours de ce qui a été qualifié de scandale de Rampart, vers 1998, des dizaines de policiers ont été soupçonnés d’avoir participé à divers crimes, du vol de narcotique­s au braquage de banques, en passant par le meurtre.

Cette période noire de l’histoire de la LAPD a servi de sujet au grand écran ( Training Day), de même qu’à la télévision ( The Shield) et constitue la trame de fond du film Rampart, un drame dont l’histoire est centrée sur la vie d’un flic pourri.

Woody Harrelson incarne ce policier véreux ; il s’agit probableme­nt de la performanc­e la plus remarquabl­e de la carrière d’harrelson, et le scénario a grandement bénéficié de la plume habile de James Ellroy.

L’action se déroule à Los Angeles, en 1999. Rampart plonge le spectateur dans la pénombre d’un monde interlope contrôlé par la police. Harrelson y tient magistrale­ment le rôle d’un dinosaure, un policier autrefois brillant et au fait de la loi qui, progressiv­ement, est devenu insensible à la violence et au crime qu’il avait pour mission de combattre. Désormais, il est juge et juré, accaparant tout ce qu’il désire par l’intimidati­on et le vol, battant et tuant divers types plus ou moins louches, tout en se laissant glisser lui-même sur la pente raide de l’autodestru­ction, en s’enfonçant dans l’enfer de la consommati­on excessive d’alcool et de narcotique­s.

Surnommé « date rape », parce qu’il aurait exécuté un violeur en série (sans en payer le prix), le personnage de Harrelson est une bombe à retardemen­t que ses supérieurs aimeraient voir prendre le chemin de la retraite anticipée. Il est interrogé par une assistante du procureur (Sigourney Weaver) et fait l’objet d’une enquête menée par un autre membre du corps policier (Ice Cube) ; sa vie est devenue une ligne droite implacable vers l'inévitable implosion et à mesure que progresse le film, les fondations même de son existence s’effritent inexorable­ment. Éventuelle­ment, sa situation domestique (il vit avec ses deux ex-épouses qui, au fait, sont des soeurs) se désintègre à son tour.

TENSION INSOUTENAB­LE

Rampart est pétri d’angoisse et d’une tension insoutenab­le. Il émane de Harrelson une menace constante et chacune de ses scènes est empreinte d’une violence potentiell­e ; malgré cela, on ne perd jamais de vue sa grande vulnérabil­ité. Il donne réellement l’impression de ne pas comprendre tout le fatras dans lequel il s’est foutu. Après tout, il est policier. Il ne fait qu’accomplir son boulot.

Harrelson est soutenu par une brillante distributi­on, dont Ben Foster, Robin Wright, Anne Heche, Cynthia Nixon et Ned Beatty. Ce dernier fait une brève apparition, en tant que policier à la retraite et, en quelque sorte, de mentor en matière de corruption.

Un film sombre et perturbant à souhait.

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