Le Journal de Montreal - Weekend

L’ENFANCE MALTRAITÉE

PARIS | Film coup de poing récompensé du Prix du jury à Cannes l’an passé, Polisse nous plonge dans le quotidien de la Brigade de protection des mineurs. Rencontre avec Maiwenn, la femme derrière cette oeuvre puissante et troublante.

- Maxime Demers

Maiwenn accueille les journalist­es dans une suite d’un hôtel parisien. Deux jours plus tôt, son film Polisse avait remporté un autre prix – celui de la meilleure réalisatio­n- à la cérémonie des Lumières. En allant cueillir son prix, elle a eu du mal à contrôler ses émotions, comme quand elle a gagné son prix à Cannes, en mai dernier.

« Je ne sais jamais comment réagir dans ces situations », explique l’actrice et cinéas- te dont le film était en nomination pour 13 prix, hier soir, à la Soirée des Césars.

Troisième long métrage de Maiwenn à titre de réalisatri­ce (après Le bal des ac

trices et Pardonnez-moi), Polisse se penche sur le travail de la Brigade de protection des mineurs (BPM) en France. Le film suit un groupe de policiers de cette division confrontée de façon quotidienn­e à la misère des enfants délinquant­s, maltraités ou victimes d’abus sexuels.

La cinéaste dit s’être intéressée à cette division peu connue de la police après avoir vu un documentai­re sur le sujet.

« C’est comme tomber amoureux avec quelqu’un, dit-elle à propos de l’attrait qu’elle a ressenti envers ce sujet.

« C’est chimique, on ne comprend pas trop pourquoi. J’ai simplement la sensation d’avoir été attirée par ce sujet. Je ne peux pas l’expliquer, pas comprendre pourquoi. C’est comme si j’avais eu un coup de foudre. »

Pour l’écriture du scénario, Maiwenn a passé plusieurs jours avec la BPM. Ce qu’elle a vu et entendu a beaucoup nourri son film, dont plusieurs éléments sont inspirés de cas réels auxquels ont fait face les policiers de la brigade.

La réalisatri­ce a aussi demandé à ses acteurs (Karin Viard, Marina Foïs, Joey Starr) de prendre des cours avec des policiers de la BPM et de suivre une immersion dans le métier.

« Je voulais qu’ils s’imprègnent de ce métier, qu’ils vivent, pensent et réagis- sent comme eux. »

Maiwenn ne le cache pas, elle a, ellemême, eu une enfance difficile. Elle se défend toutefois d’avoir voulu livrer toute forme de message dans son film. Elle s’irrite d'ailleurs quand une journalist­e lui fait remarquer qu’elle signe toujours des films très personnels.

« Ça, ce sont des raccourcis, des accroches de journalist­es, blâme-t-elle.

« Dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué que cela. Chaque film est personnel. N’importe quel film qu’on fait ou sujet qu’on choisit est imbibé de notre personnali­té. Après, on se déguise avec un déguisemen­t qui est plus ou moins épais. Et peut-être que mes déguisemen­ts ne sont pas assez épais pour qu’on distingue ce qui provient ou non de ma vie dans mes films. »

Polisse prend l’affiche vendredi (le 2 mars).

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POLISSE
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