Le Journal de Montreal - Weekend
DJANGO RETROUVE LA RUE
Le jazz manouche a-t-il une chance de (re)devenir hip ? On a posé la question au chef de la formation Le Hot Club de ma rue, qui vient de lancer le disque Grande soirée. Si peu de gens connaissent l’histoire de Django Reinhardt, guitariste manouche qui, après avoir perdu l’usage de deux doigts, a transformé son drame en révolution en créant un style de jeu et un genre de jazz encore célèbre aujourd’hui. La musique qu’il a créée avec le violoniste Stéphane Grappelli au sein du fameux Quintette du Hot club de France dans les années trente a fait beaucoup d’adeptes et de disciples, et garde encore aujourd’hui son aura de fraîcheur, pour autant qu’on aime le jazz. Parmi ceux qui tiennent le flambeau, il y a le groupe Le hot club de ma rue, piloté par le guitariste Martin Tremblay depuis 2004. Le groupe a lancé cette semaine, à Québec et Montréal, son deuxième disque intitulé Grande soirée, qui relance leur petite entreprise trois ans après la parution du premier, Songe d’automne. « Il était temps, souffle Martin en marge du lancement, on avait tiré tout ce qu’on pouvait du premier, qui avait tout du démo ! On est heureux de passer à cette nouvelle étape, qui élargit notre palette. » Deux éléments viennent élargir cette palette : l’ajout d’une chanteuse, Claudine Ricard, et de compositions originales sur Grande soirée.
TOUT SAUF NOSTALGIQUE
Ça reste swing, gypsy, manouche, mais ça se veut plus large d’esprit. « Tous les cinq, on amène au groupe nos influences, explique Martin. Moi par exemple, j’aime le funk de Grant Green, ou encore le côté rock n roll de Johnny Cash. Django, c’est notre dénominateur commun, mais les standards qu’on joue, on se les réapproprie pour leur donner un nouveau souffle. » Démarche contraire à celles des Lost Fingers, donc ? Il acquiesce, mais tient à dire qu’il n’a rien contre la démarche du trio de Québec. « Bon, c’est sûr que je ne jouerais pas du Samantha Fox, simplement parce que je n’aime pas ça. Mais il faut reconnaître le mérite des Lost Fingers d’avoir fait connaître le genre manouche à bien du monde. C’est un peu grâce à eux si ma mère aime maintenant ma musique ! »