Le Journal de Montreal - Weekend

Bug Antoine Bertrand, une bête de scène

Présentée pour la première fois au Québec, la pièce américaine Bug de l’auteur Tracy Letts, écrite en 1996 et présentée pour la première fois au Gate Theatre de Londres, a été par la suite adaptée au cinéma, en 2006, et a pris l’affiche aux États-unis et

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale

L’auteur américain a campé cette pièce dans un motel bas de gamme, quelque part dans l’oklahoma, un État du centre-sud des États-unis. Les personnage­s vagabonden­t entre la peur, le drame et la folie.

C’est Antoine Bertrand, qui est à l’origine du projet, cofondateu­r du Théâtre À qui mieux mieux. S’il a choisi cette pièce, qu’il situe à cheval entre le drame d’horreur et le thriller psychologi­que, c’est qu’il s’agit d’une histoire à l’opposé de sa réalité.

« Comme j’ai une vie heureuse, joyeuse où les moments de bonheur abondent, j’ai voulu choisir une pièce à l’inverse de ma réalité, où l’univers est angoissant et terrifiant afin d’explorer des zones plus sombres », explique l’acteur Antoine Bertrand.

« Ce sont principale­ment les personnage­s de cette pièce qui m’ont attiré. Ils sont perturbés psychologi­quement, ils ont eu des coups durs, la vie ne les a pas ménagés et malgré tout, ils continuent d’avancer dans la vie. »

Outre les personnage­s qui sont fascinants, l’histoire l’interpelle. Nous sommes dans un univers tordu, de bas fonds où la drogue et l’alcool prennent le dessus, le tout campé dans une chambre miteuse avec une colonie de punaises de lit.

VIVRE DANS LA PEUR

Bug, c’est l’histoire d’agnès, une femme brisée par les épreuves de la vie, personnifi­ée par Émilie Gauvin. Elle vivait alors avec un homme violent, voire dangereux, qui a même tenté de la tuer, s’ajoute à cela la perte de son enfant. « Il ne s’agit pas d’une fausse couche, Agnès a perdu son enfant dans un supermarch­é alors qu’il était âgé de sept ans et elle ne l’a jamais retrouvé », raconte Antoine Bertrand. La disparitio­n est mystérieus­e. Est-ce un enlèvement, un complot, un coup du destin, peu importe, c’est le genre d’épreuve dont on ne peut se remettre et que l’on porte avec soi, même si l’événement remonte à plusieurs années. Son ex-mari, Jerry, campé par Antoine Bertrand, sera emprisonné à la suite d’un vol à main armée. Agnès a terribleme­nt peur de lui et décide de fuir et de se cacher dans un motel miteux. C’est là qu’elle vit, tout en travaillan­t dans un bar comme serveuse. Une vie plutôt misérable dominée par la solitude et la peur. Son angoisse augmentera lorsqu’elle apprendra que son ex-conjoint vient d’être libéré de prison. Elle est constammen­t dans la crainte de le voir rebondir. « Avec tous ses contacts du milieu criminel, une fois libre, il aura vite fait de la retrouver », raconte l’acteur. Pire, il voudra reprendre la vie commune avec elle.

Entre temps, une amie d’agnès, qui est aussi serveuse, lui présentera un homme, Peter, un nouveau client du bar, un ex-militaire de la guerre du Golfe, incarné par Marc-françois Blondin. Peter est mystérieux, étrange même, pourtant, c’est dans les bras de cet homme qu’agnès espère trouver un certain réconfort et l’espoir d’une vie meilleure. Rapidement, elle va s’attacher à Peter, un homme à la personnali­té opposée de son ex-conjoint qui n’a rien, à première vue, d’un homme violent. S’il est avenant, doux et même réservé, il est aussi un personnage énigmatiqu­e. Il entretient un certain mystère sur son passé militaire. Peu à peu, elle découvrira que son bel amant a des problèmes psychologi­ques et qu’il est instable.

DES COLONIES D’INSECTES

Pour ne rien arranger, voilà qu’ils découvrent des insectes dans le lit de cet hôtel douteux. Ce n’est pas un cas isolé, il semble y avoir une colonie, voire des colonies d’insectes qui laissent des morsures sur leurs corps.

« La frontière entre la réalité et l’imaginaire est très fine », souligne Denis Bernard, le metteur en scène. « Il faut savoir qu’il s’agit de personnage­s qui consomment de la drogue, ils sont accros au crack et à la cocaïne. » La santé mentale est aussi fragile chez l’un comme chez l’autre. Est-ce que les personnage­s sont victimes d’hallucinat­ions, estce du délire, frisent-ils la paranoïa, ou bien sont-ils réellement envahis par des insectes ? Ça reste à voir, mais on nous raconte qu’il ne faut pas présumer que tout est blanc ou noir.

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VIDÉO EN LIGNE
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SAMEDI 12 MAI 2012

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