Le Journal de Montreal - Weekend
L’ÉTÉ DE TOUTES LES DÉCOUVERTES
The Kings of Summer
Il y a des films qui marquent et qui touchent plus que d’autres. The Kings of Summer est de ceux-là.
Comédie sur le passage à l’âge adulte d’amis adolescents, The Kings of Summer allie humour décapant, personnages tordus et situations remplies d’émotions, un tiercé gagnant qui ravit et fait chaud au coeur.
Joe (Nick Robinson) vit avec son père, Frank (Nick Offerman), un veuf caustique qui recommence à sortir avec des femmes. De caractères diamétralement opposés, le père et le fils s’affrontent constamment. Ce n’est pas mieux du côté de Patrick (Gabriel Basso), le meilleur ami de Joe, qui a la malchance d’avoir des parents (interprétés par Marc Evan Jackson et Megan Mullally) pour le moins étranges et décalés, car ils semblent étouffer leur fils sans pour autant vraiment s’intéresser à lui.
Un soir, Joe et Biaggio (Moises Arias) tombent sur une magnifique clairière dans les bois environnants et l’idée naît spontanément. Pourquoi les trois ados ne quitteraient-ils pas le domicile familial pour aller habiter une maison, qu’ils construiraient euxmêmes?
PROFONDEUR
Les gags sont typiques de ce à quoi on peut s’attendre en pareille situation: de la construction — parfois hasardeuse — de la maison avec des matériaux volés à la chasse — épée de chevalier ou machette en main — ainsi qu’à la cueillette de fruits.
Mais le sous-texte n’en est pas moins profond. Le fameux «Et tu deviendras un homme, mon fils» naissant non pas de l’affrontement des ados avec leur environnement, mais de la découverte de leurs capacités, de leur liberté et de leur place dans le monde. Une sous-intrigue amoureuse entre Joe et Kelly (Erin Moriarty) permet également l’exploration du premier amour sérieux et les questionnements que cela soulève pour le trio.
SYMPATHIQUE COMÉDIE
Remarquablement bien écrits par Chris Galletta (un ancien de l’émission de David Letterman, qui signe ici son premier scénario), les dialogues sont truculents et garantissent à la fois éclats de rire et nostalgie... nostalgie d’une insouciance révolue pour les plus vieux et aspiration à une liberté totale et à un apprentissage hors normes pour les plus jeunes. C’est cet équilibre rare et surprenant qu’atteint The Kings of Summer, en plus de donner un sentiment que tout est possible, qu’il suffit de rêver et de se retrousser les manches. Rien de tel que cette très sympathique comédie pour lutter contre la fraîcheur actuelle des températures et avoir envie, l’espace d’un été, d’aller délirer dans la forêt pour se découvrir... ou se retrouver.