Le Journal de Montreal - Weekend
LE DON DE DODO
Des chansons, des cabarets, de la télé, du cinéma, d’innombrables prix et un surnom que l’on n’oubliera jamais: en 80 années de vie et 65 de métier, Dodo en a vu de toutes les couleurs. Les photos et souvenirs de tous ces événements se sont entassés dans
«Toutes les choses gentilles qui ont été dites à mon sujet, je m’en souviens. Je me souviens de tout, je les ai dans mon coeur. Je n’ai pas besoin de regarder mes trophées, je peux les donner.»
En jetant un dernier coup d’oeil sur ces clichés de sa vie, elle n’est pas nostalgique, seulement heureuse.
Elle a beau être à la retraite, Dodo ne chôme pas. Elle a mis plus de six mois à classer toutes les photos et les coupures de journaux qu’elle avait accumulées au fil des ans. En tout, elle offre 78 albums de photos à BAnQ. «Il y a des photos de tous les endroits où j’ai travaillé, les spectacles que j’ai faits à la Place des Arts comme dans les trous! J’ai aussi donné plusieurs coupures de journaux que ma mère avait gardées.» Le tout sera conservé à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et sera accessible au public pour consultation. Les écrits personnels de Dominique, dont sa biographie, écrite à la main et publiée en 2006, s’y retrouveront également. «J’ai écrit mon livre à la main. Je ne touche pas aux ordinateurs», explique-telle.
DES SOUVENIRS RETROUVÉS
En fouillant dans tout ce qu’elle avait accumulé au fil du temps, Dominique a mis la main sur de vieilles reliques dont elle n’avait même pas souvenir. «J’ai retrouvé une vieille cassette sur laquelle on entend la voix de mon père. Il y parle de son village.» Entendre la voix de son père alors qu’elle ne l’avait pas entendue depuis des années a été un moment très émotif. «J’ai trouvé ça chaleureux. J’ai été beaucoup avec mon père quand j’étais jeune. On allait ramasser des antiquités dans le bas du Québec et j’allais avec lui. On couchait à la campagne, dans des granges. Il était un peu bohème, comme moi, dit-elle. Je me sentais en sécurité avec lui.» Dominique a également retrouvé la robe qu’elle portait lors de son baptême. Celle-ci sera exposée au Musée McCord. «Elle avait été faite à la main par ma mère. Il y a une tache là où le prêtre avait versé l’eau, ça a jauni. J’ai essayé de la nettoyer, mais ça fait 80 ans!», raconte-t-elle.
TÉMOIN DES CHANGEMENTS
Les photos données par Dominique racontent non seulement la vie exception- nelle de cette femme, mais également l’évolution du show-business au Québec. En se remémorant ses débuts, à l’époque des cabarets, Dominique affirme que l’industrie vit des jours meilleurs. «J’ai détesté ça, les cabarets. Le monde était saoul, ce n’était pas des beaux moments. On s’imagine toujours que ça devait être le fun. Mais ce n’était pas merveilleux du tout», avoue-t-elle. Dominique a également connu l’émergence des humoristes dans la province. «Les humoristes, il n’y en avait pas. Gilbert Rozon a été extrêmement courageux. Il a perdu énormément d’argent, mais il a fini par trouver la recette pour présenter des spectacles d’humour, dit-elle en parlant du créateur du Festival Juste pour rire. Au fil de sa carrière, elle a vu naître des humoristes comme Jean-Marc Parent et Patrick Huard. La création du Festival Juste pour rire fait partie des moments dont elle se souviendra toujours. Aucunement nostalgique, Dominique est convaincue que ce qui se fait en télé aujourd’hui est bien meilleur qu’avant. «Je trouve que la télévision a très bien évolué. Unité 9, par exemple, c’est formidable», dit-elle. Certaines des archives de Dominique Michel seront exposées au Centre d’archives de Montréal ce lundi entre midi et 16 h. Le Centre d’archives est situé au 535, avenue Viger Est, à Montréal. Les documents seront ensuite entreposés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et disponibles pour consultation.