Le Journal de Montreal - Weekend

L'ESPRIT DE CARMEN SUR DISQUE

En se joignant à l’équipe du Chant de Sainte Carmen de la Main, Philippe Brault a accepté un défi de taille. En plus d’avoir «magnifié» les compositio­ns de Daniel Bélanger et René Richard Cyr pour la scène, le directeur musical a obtenu le mandat de réali

- Vanessa Guimond VANESSA.GUIMOND@QUEBECORME­DIA.COM

«Le gros défi, c’est de faire quelque chose qui reste assez fidèle au spectacle, afin de ne pas trahir le souvenir des gens qui y ont assisté, a raconté Philippe Brault, reconnu pour son travail avec nombre d’artistes, dont Pierre Lapointe. En même temps, ce n’est pas le même univers, car nous ne sommes pas appuyés par les costumes, les décors et le jeu des comédiens pour raconter notre histoire. Il faut que le tout soit agréable à écouter en dehors du cadre du spectacle.»

Afin d’atteindre cet objectif, le réalisateu­r explique qu’il s’est permis quelques «petits plus». Contrairem­ent à celle des Belles-Soeurs, la trame sonore du Chant

de Sainte Carmen de la Main n’est pas le résultat d’une captation live. Elle a été entièremen­t réalisée en studio.

«Nous nous sommes permis des choses, avec les arrangemen­ts, que nous n’aurions pas nécessaire­ment pu nous permettre en spectacle, a-t-il précisé. Il fallait que l’atmosphère reste la même, mais il fallait quand même trouver un fil conducteur musical pour que tout cela se tienne.»

Inspirée de Sainte Carmen de la Main, oeuvre de Michel Tremblay, cette pièce musicale comprend 12 chansons complètes, dont l’extrait radio Au coin d’la

Main pis d’la Catherine.

«Il n’y a qu’un seul numéro musical, très court, qui ne se retrouve pas sur l’album. C’est parce qu’il ne pouvait vivre en dehors de l’histoire de la pièce, a expliqué le musicien. Même les chansons qui sont faites de répliques ont trouvé leur place sur le disque.»

MARATHON MUSICAL

L’album inspiré du Chant de Sainte

Carmen de la Main, qui met en vedette plusieurs comédiens, dont Normand D’Amour, France Castel, Maude Guérin et Éveline Gélinas, a été enregistré dans les semaines qui ont suivi la première représenta­tion de la pièce. Ce choix artistique, qui transgress­e la norme dans le monde des comédies musicales, a été fait dans le but de laisser une plus grande liberté aux créateurs du spectacle.

«Habituelle­ment, les disques sont enregistré­s avant la première pour pouvoir en faire des outils promotionn­els. Dans ce cas-ci, nous voulions avoir la liberté de faire des changement­s au niveau des choix musicaux et de la mise en place jusqu’à la dernière minute. En fait, nous voulions être certains que le spectacle soit présenté dans sa forme finale avant de nous lancer.»

Cette liberté de création aura eu un prix, puisque l’enregistre­ment de l’album a donné à ses artisans l’impression de prendre part à un marathon. Il faut dire que Philippe et ses musiciens se retrouvent sur scène soir après soir aux côtés des comédiens et chanteurs de la distributi­on. Au moment de notre entretien, ils avaient déjà présenté le spectacle à 28 reprises.

«Disons juste que nous avons vécu quelque chose d’intense, a-t-il affirmé, précisant que tout le travail en studio a été réalisé en trois semaines. Par contre, les gens qui interprète­nt les chansons tous les soirs, sur scène, les connaissen­t vraiment bien. C’est un bel avantage.»

DÉFI

Si l’expérience générale s’est bien déroulée, elle aura néanmoins nécessité une période d’adaptation pour certains comédiens. Les chansons interprété­es par les personnage­s de Carmen et Maurice (campés par Maude Guérin et Normand D’Amour), par exemple, sont également accompagné­es d’un jeu physique, sur scène.

«Je dirais que ç’a aussi été un défi pour le choeur», a affirmé le réalisateu­r, précisant que ces portions, qui exigeaient la présence d’une vingtaine de chanteurs, ont été captées au Studio 12 de Radio-Canada. «S’entendre sur scène, c’est une expérience différente de celle du studio. Nous avons dû nous adapter.»

Même s’il a l’habitude de composer pour le théâtre, l’aventure du Chant de

Sainte Carmen de la Main marquait une première dans le parcours de Philippe Brault, qui se dit fier d’avoir pris part à un projet aussi complet.

«C’était ma première comédie musicale. J’ai trouvé ça hyper stimulant. J’avais envie de travailler avec Daniel et René Richard, et je ne l’ai pas regretté. Ç’a été une superbe expérience.» L’album Le chant de Sainte Carmen de

la Main sera lancé dans le cadre des FrancoFoli­es le 12 juin prochain (mise en vente le 18 juin). Les représenta­tions du spectacle, quant à elles, auront lieu jusqu’au 22 juin.

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