Le Journal de Montreal - Weekend

RADIO DÉSINTOX

René Homier-Roy animera C’est bien meilleur le matin pour la dernière fois vendredi. Mais il a déjà commencé à parler de l’émission au passé, signe que son deuil est presque terminé. En entrevue au Journal de Montréal, le morning man de RadioCanad­a semble

- Marc-André Lemieux MARC-ANDRE.LEMIEUX@QUEBECORME­DIA.COM

Après 15 ans aux commandes du rendez-vous, l’homme de 73 ans est prêt à tourner la page, ce qu’il craignait d’avoir beaucoup de difficulté à faire en avril dernier, au moment d’annoncer son départ. «Quand on anime une émission comme CBMLM pendant une aussi longue période, ça devient une sorte de drogue. Une shot d’adrénaline... Je croyais que l’idée d’abandonner tout ça me troublerai­t davantage. Je craignais d’avoir besoin d’aller en désintox pour mon addiction! Heureuseme­nt, le bon côté des choses commence à prendre le dessus: je vais pouvoir me coucher tard, me réveiller après 3 h du matin. Je vais pouvoir aller au restaurant, au théâtre, etc.» Bien qu’il délaisse ses fonctions matinales, René-Homier Roy n’abandonne pas la Première Chaîne. Cet automne, il pilotera deux nouvelles émissions: un rendezvous littéraire de 60 minutes le vendredi à 13 h, puis une

émission culturelle le samedi à 14 h. «Je retourne à mes anciennes amours, annonce-t-il. Je recommence à parler de culture. J’aurai le pouvoir de choisir les choses dont j’ai vraiment envie de parler. J’ai passé la journée à travailler là-dessus. C’est très stimulant. Si j’avais quitté CBMLM pour rien, ç’aurait été affreux. Mais la quitter pour aller faire autre chose, c’est très différent. Aujourd’hui, je suis rendu complèteme­nt ailleurs. C’est très agréable comme sentiment.»

DE NOUVEAUX PROJETS

René Homier-Roy décrit ses deux nouveaux projets comme des émissions «très personnali­sées». Des rendez-vous taillés sur sa «manière d’être».

«On veut s’éloigner de l’actualité parce que je veux être libre de choisir les sujets qu’on va aborder en ondes. Les spectacles qu’on va choisir de couvrir sont des spectacles qui vont m’intéresser. Si je suis persuadé qu’on va trouver ça plate, on évitera d’en parler.»

René Homier-Roy est aussi excité à l’idée de mener des entrevues de 10 minutes et plus. «Je me souviens de la conférence de presse qui annonçait l’arrivée de CBMLM. Naïvement, on avait dit: “On va faire de longues entrevues.” Ben voyons! À cause du format, c’était impossible. On avait sûrement l’air très, très niaiseux devant des gens qui avaient déjà fait ce type d’émission. Au fil du temps, j’ai beaucoup envié Catherine Perrin, Christiane Charrette et Marie-France Bazzo, qui ont animé l’émission d’avant-midi. Quand quelqu’un était l’fun et qu’elles avaient des choses à dire, elles pouvaient lui parler pendant 12 minutes. Quand ça cliquait avec l’invité, elles n’étaient pas obligées de dire: “Bon ben ça fait cinq minutes, donc au revoir, on doit passer au bulletin météo avant la cir

culation.”

J’ai hâte de délaisser cet encadremen­t.»

René Homier-Roy quitte CBMLM la tête haute. Deuxième dans les sondages derrière Paul Arcand, il obtient des parts d’écoute de 20,3 % chez les francophon­es, selon le dernier sondage PPM. «Quand j’ai pris cette émission, nos parts de marché étaient autour de 7 %.»

D’après l’animateur, la radio parlée va bien, même très bien. «Le matin, Arcand trône au sommet. J’apparais en deuxième et très loin derrière, arrivent les autres. Des émissions plus légères dans lesquelles on parle moins et dans lesquelles on dit plus de niaiseries, sans doute. Les humoristes ont été un peu écartés des émissions du matin. On est conscient que le matin les gens ont envie d’entendre des propos intéressan­ts. Pas forcément hystérique­s. Pas forcément “yo”. Un technicien avec qui je travaillai­s m’expliquait qu’il avait découvert CBMLM et RadioCanad­a dans sa voiture sur le pont Jacques-Cartier. Avant, il écoutait Brathwaite et CKOI. Sauf que pris dans la circulatio­n en début de journée, il était en train de virer fou. Il a joué avec sa radio et en appuyant sur les pitons, il est tombé sur notre show. Quand Radio-Canada parle du rajeunisse­ment de l’auditoire, c’est en plein ça: des jeunes adultes qui réalisent que leur curiosité n’est pas assouvie ailleurs.»

LA RETRAITE, LA MORT

Le mot «retraite» n’existe pas dans le vocabulair­e de René Homier-Roy, qui aime encore passionném­ent son métier. «À partir de l’automne, je ferai profession­nellement – au quotidien – des activités que bien des gens font dans leurs loisirs. Beaucoup de gens prennent leur retraite pour lire, aller au cinéma, au théâtre, etc. Je serais fou de renoncer à tout ça. Et quand je n’aurai plus envie de parler de culture, je trouverai quelque chose d’autre à faire. J’écrirai… Parce que pour moi, “retraite”, ça veut dire mort.»

Le bourreau de travail veut aussi recommence­r à voyager dans la prochaine année. Mais cette fois-ci, pas seulement pour s’étendre sur une plage et relaxer. «Depuis 15 ans, je vais toujours aux mêmes endroits. Cette foisci, je vais essayer autre chose. Je n’irai pas trois mois en Afrique avec mon sac à dos, mais je vais retourner à Paris. Je vais aller rendre visite à mes amis à Los Angeles.»

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René Homier Roy anime C’est bien meilleur le matin pour la dernière fois vendredi de 5 h à 9 h à la Première chaîne de Radio-Canada.

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