Le Journal de Montreal - Weekend

ISABELLE BOULAY fière d’être Québécoise

Isabelle Boulay est devenue cette semaine Chevalière de l’Ordre national. Elle a reçu sa médaille à l’Assemblée nationale des mains de la première ministre Pauline Marois, une belle récompense pour la chanteuse de 40 ans qui célèbre cette année 20 ans de

- AGNES. GAUDET@ QUEBECORME­DIA. COM

Comment as-tu vécu cet événement?

J’étais vraiment très émue. Je devais recevoir cet honneur l’an dernier, mais je ne pouvais pas me présenter, justement parce que j’étais en spectacle ce soir-là; je pratiquais mon métier. C’était très émouvant. Dans l’assistance, il y avait mes amis Alain Labonté, Yves Desgagnés, des amis de Matane et de Québec aussi, et également d’autres gens que j’admire beaucoup, dont l’explorateu­r Bernard Voyer et Lucien Bouchard, un homme que j’aime beaucoup en dehors de la politique et à qui j’ai déjà demandé des conseils. Ça faisait chaud au coeur de les voir là.

Tu as souvent reçu des trophées, tu as aussi reçu l’Ordre de la Pléiade il y a deux ans. Que signifie recevoir l’Ordre national, pour toi?

C’est un honneur qui te relie encore plus à ton peuple et à la façon dont tu le représente­s avec ton art. Me retrouver entourée de gens qui ont fait des choses exceptionn­elles dans tous les domaines est très touchant. Trente-trois personnes ont reçu ce jour-là des titres de Chevalier, Chevalière, Officier, Officière et Grand Officier, dont l’homme de théâtre Michel Dumont et le cinéaste André Melançon, ainsi que la grande chanteuse d’opéra Marie-Nicole Lemieux, qui avait reçu en même temps que moi l’Ordre de la Pléiade.

Tu devais recevoir ta médaille l’an dernier. Est-ce que l’attente a été longue?

C’est avec la cérémonie que ce titre prend toute sa significat­ion, et cet honneur arrive à un bon moment. Ça fait 20 ans cette année que je fais carrière. Dans ma tête, j’ai l’impression d’être à un tournant. Il me reste tant de choses à faire. Je me trouve privilégié­e d’avoir reçu cet honneur à mon âge. On ne se rend pas toujours compte de notre parcours. Ces événements-là permettent de mesurer ce qu’on a fait et ce qu’on a en- vie de faire. Des cadeaux du ciel. Je ne fais pas ce métier pour les honneurs et les trophées, mais quand les gens pensent à nous pour ça, c’est touchant.

Qu’est-ce qu’on fait avec une médaille de l’Ordre national?

On peut la porter, ou la garder comme un bijou précieux dans le coffret qu’on nous remet. Bernard Voyer m’a dit: «Maintenant, quand tu vas signer ton nom, tu vas pouvoir mettre les lettres “C.Q.” à la fin.» C’est drôle de se faire dire ça.

Cette médaille va au-delà d’une récompense?

J’ai l’impression que j’ai fait de bien petites choses. Mon père était nationalis­te. S’il était encore là aujourd’hui, je sais qu’il aurait été très fier de moi. Je retire une satisfacti­on égocentriq­ue de mon métier, mais je le fais aussi pour tout le monde, pour emmener notre patrimoine, notre différence, ailleurs, transporte­r l’âme de mon pays à travers mes chansons. Mon fils était avec moi. Pas à la cérémonie qui dure trois heures, c’est trop long pour un enfant. Mais il était ici à Québec avec ma tante. S’il avait été avec moi, j’aurais pleuré tout le long. Ce titre vient te dire que tu es capable de transmettr­e, à travers ce que tu fais, une partie de notre identité. Je suis fière d’être Québécoise, partout où je vais.

On te verra bientôt aux FrancoFoli­es en spectacle?

Oui, je participe au show du 25e anniversai­re des Franco le 17 juin, 25 ans, 25 artistes, 25 chansons, avec tout un groupe. Je serai aussi du spectacle collectif Ne me quitte pas: un hommage à Brel le 19 juin, avec plein de beau monde dont Luc De Larochelli­ère, Marie-Josée Lord et Danielle Oddera, qui a été une amie très proche de Brel, presque une soeur. Je suis très heureuse de faire ce spectacle. On va même partir en tournée. C’est très rare que je puisse accepter des projets collectifs. Je ne l’ai pas fait depuis Starmania, en 1995. On m’a demandé d’interpréte­r Ne me quitte pas, que je n’ai jamais interprété­e. Je vais aussi chanter ma préférée — à part Amsterdam, avec laquelle j’avais gagné à Granby —, la chanson Jojo. Brel l’avait écrite pour son secrétaire particulie­r, son compagnon de route, un homme d’affaires qui avait tout lâché pour devenir son fidèle allié.

Tu présentes aussi ton spectacle solo?

Je présente mon spectacle Chants libres en octobre et novembre en France, puis en décembre et janvier au Québec. Champs libre, son nom l’indique, me permet de chanter des défis d’interprète, mes chansons préférées, celles de mon répertoire, mais aussi Le Météore de Steve Faulkner, Going to a town de Rufus Wainwright et Tu ne me dois rien de Stephan Eicher, la chanson que j’ai le plus écoutée dans ma vie. J’ouvre des boîtes à musique, les portes du coeur.

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