Le Journal de Montreal - Weekend

DAVE BRUBECK LA CONNEXION MONTRÉALAI­SE

Dave Brubeck a donné pas moins de 14 concerts au FIJM entre 1981 et 2011. Pas étonnant qu’on ait décidé de lui dédier la 34e édition de l’événement. Cet hommage survient quelques mois après son décès. Pour souligner l’occasion, nous nous sommes entretenus

- MARC-ANDRE.LEMIEUX@QUEBECORME­DIA.COM Marc-André Lemieux

La famille Brubeck entretient-elle une relation privilégié­e avec le Festival de jazz de Montréal?

Oui. Notre relation date de plusieurs années. Mon père a souvent joué au Festival de jazz de Montréal. J’ai accompagné mon père pendant 15 ans comme bassiste. On formait le Dave Brubeck Quartet. André Ménard a toujours reçu mon père avec beaucoup de chaleur. C’est un visionnair­e.

Comment avez-vous réagi quand vous avez appris qu’on dédiait l’édition 2013 à votre père?

C’est un honneur. Le FIJM est sans doute le plus grand festival de musique jazz au monde. Notre père occupait une place très importante dans nos vies. Depuis sa mort, un nombre impression­nant de gens et d’organisati­ons veulent lui rendre hommage. Ça nous touche beaucoup.

The Brubeck Brothers Quartet a lancé Lifetimes, un disque où vous reprenez quelques-uns des grands succès de votre père. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant de sortir un tel disque?

The Brubeck Brothers Quartet existe depuis une dizaine d’années. Mon frère Dan est batteur, Chuck Lamb est pianiste, Mike DeMicco est guitariste et je suis bassiste. Ensemble, nous avons enregistré plusieurs albums au fil du temps. Puisque nous composons, nous avons sorti plusieurs disques de matériel original qui ont été bien reçus par la critique. En juillet dernier, nous avons lancé Lifetimes, où nous reprenons quelques-uns des meilleurs morceaux de Dave, parce que nous voulions qu’il comprenne combien sa musique était importante à nos yeux. Je suis content qu’il ait pu l’entendre et réaliser combien nous aimions sa musique. Je suis aussi heureux qu’il ait constaté l’engouement des radios pour l’album. Nous savions que nous avions atteint notre objectif: celui d’honorer notre père en musique.

Étiez-vous nerveux la première fois que vous avez fait entendre Lifetimes à votre père?

Non. Dave était enchanté par nos versions. Kathy’s Waltz, par exemple. Nous lui avons donné un petit air reggae. Quand mon père a écrit cette chanson, dans les années 1950, la musique reggae n’existait même pas! Nous sommes restés fidèles à ses valeurs. Car mon père fut l’un des premiers à teinter le jazz d’influences internatio­nales.

Dave Brubeck n’était pas seulement votre père; il était aussi votre partenaire musical. Comme musicien, que vous a-t-il appris?

Plusieurs choses… comme la persévéran­ce. Quand mon père voulait percer dans le milieu, après la Deuxième Guerre mondiale, il a cogné aux portes de tout le monde. Et chaque fois, on lui répondait la même chose: «Ta musique est trop innovante. Personne ne va l’aimer.» Mais il avait une vision. Il était déterminé. Il a fondé sa propre maison de disques, Fantasy Records, avant d’accepter l’offre de Columbia Records. Puis on ne peut passer sous silence l’affaire Time Out. À l’époque, les responsabl­es du marketing l’ont appelé pour lui dire: «Tu ne peux pas lancer ça! C’est juste des chansons originales! Tu devrais reprendre des chansons de Broadway.» Mon père a répondu: «Non!» Il a tenu son bout et Time Out est devenu l’un des albums les plus connus et les plus vendus de l’histoire du jazz. Il était courageux. The Brubeck Brothers Quartet saluera la mémoire de Dave Brubeck le 7 juillet au Théâtre Jean-Duceppe à 21 h 30. avec invités: Lorraine Desmarais, Adrian Vedady et Chet Doxas.

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