Le Journal de Montreal - Weekend

La fragilité D’AUDREY TAUTOU

PARIS | Comme plusieurs, Michel Gondry a été marqué à l’adolescenc­e par sa première lecture du roman culte de Boris Vian, L’écume des jours. C’est donc avec un mélange de fébrilité et de crainte que le cinéaste français s’est lancé dans l’adaptation ciném

- Maxime Demers Le Journal de Montréal

«C’est à la fois très inspirant et épeurant de s’attaquer à une oeuvre aussi connue», admet d’emblée Gondry ( Eternal Sunshine of the Spotless Mind, La Science des rêves, Be Kind Rewind), rencontré à Paris en avril dernier.

«Tout le monde en France a une relation privilégié­e avec ce roman. Ce n’est pas comme si j’adaptais une oeuvre obscure. Je m’attaque à quelque chose de mythique. C’est un risque que j’ai pris et j’en étais conscient.»

Publié en 1947, L’écume des jours est l’oeuvre phare de Boris Vian. Campé dans un univers éclaté et poétique, le roman raconte une histoire d’amour entre un jeune homme idéaliste (Colin) et une jeune femme (Chloé) qui est atteinte d’une maladie incurable.

Comme dans le livre, l’histoire, dans le film, ne se déroule pas à une époque précise. «Le livre a été écrit en 1946, mais il se lit comme un roman de science-fiction», souligne Gondry.

«On y retrouve des choses futuristes, mais aussi des choses du passé. Je voulais donc un peu brouiller les pistes, je ne voulais pas qu’il y ait des éléments trop courants dans le film. En même temps, je ne voulais pas me priver de filmer les gens dans la rue. Mais j’ai évité de montrer trop de téléphones ou d’ordinateur­s portables. J’ai essayé de transforme­r un peu les choses.»

IMPRESSION­NÉ PAR AUDREY TAUTOU

Pour porter à l’écran l’univers de Vian, Michel Gondry s’est entouré de certains des acteurs les plus célèbres en France, dont Romain Duris (le rôle de Colin), Omar Sy (Nicolas) et Gad Elmaleh (Chick).

Et il a confié le rôle de Chloé à Audrey Tautou, qui s’est rapidement imposée comme l’actrice idéale pour camper ce personnage à la fois pétillant et grave: «Audrey a en elle quelque chose de fragile, mais aussi de combatif. Pour moi, c’était parfait pour Chloé, parce qu’elle doit se battre contre la maladie», indique le cinéaste.

La Québécoise Charlotte Le Bon a quant à elle hérité du rôle d’Isis, l’amoureuse de Nicolas. En entrevue, Gondry a eu de bons mots à son sujet. «J’ai découvert Charlotte quand elle faisait la météo au Grand Journal de Canal +», raconte-t-il.

«J’étais allé sur le plateau du Grand Journal pour faire la promotion de The Green Hornet, et on est devenus amis à ce moment-là. Elle m’a invité par la suite à faire la météo avec elle. On se déguisait, c’était amusant. J’aime son humour. J’ai ensuite pensé à elle pour le rôle d’Isis et on s’est retrouvés sur le plateau de tournage du film.»

DES EFFETS « À LA GONDRY »

Réputé pour sa façon de concevoir des effets spéciaux artisanaux (voir La science des rêves ou Be Kind Rewind), Michel Gondry avait énormément de matière pour s’amuser avec L’écume des jours, qui déborde de scènes surréalist­es et d’objets farfelus (comme ce célèbre «pianocktai­l» qui crée un cocktail inspiré de la musique qu’on y joue).

«C’était bien sûr important, pour moi, de faire les effets spéciaux à ma manière et de ne pas avoir recours à des effets numériques qu’on confie à d’autres gens», dit Gondry.

«Comme pour mes autres films, j’ai donc conçu les effets spéciaux d’une façon un peu théâtrale, en fabriquant de vrais objets. J’ai voulu, autant que possible, trouver une manière mécanique de représente­r les jeux de mots que fait Boris Vian dans son roman. Pour moi, il fallait les construire pour montrer leur côté absurde.»

«Je n’ai pas voulu non plus me limiter. J’ai voulu montrer les choses telles que je les imaginais dans le roman. Oui, ç’a été difficile à mettre en oeuvre. Mais c’était très stimulant.» L’écume des jours prend l’affiche vendredi (le 28 juin).

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