Le Journal de Montreal - Weekend
POUR TOUTE LA FAMILLE
Adaptation de l’excellent roman de Max Brooks avec Brad Pitt, World
War Z en met plein la vue.
Je ne lis jamais de romans en anglais. Pourtant, j’ai dévoré le World War Z de Max Brooks l’automne dernier, intriguée que j’étais par la prémisse d’un film de zombies avec Brad Pitt dans le rôle principal. Parce que le livre est une collection de témoignages de survivants d’une épidémie de zombies, sans narrateur ni personnage principal, il est inadaptable au cinéma dans sa forme originale. Pour le porter au grand écran, il fallait donc le modifier substantiellement en retirant les nombreux éléments de critique sociale et politique qui auraient fait ressembler le long métrage à un pamphlet documentaire.
Les scénaristes Matthew Michael Carnahan et J. Michael Straczynski, ainsi que Drew Goddard et Damon Lindelof (qui ont réécrit la fin), ont donc imaginé de suivre Gerry (Brad Pitt), enquêteur de l’ONU à la retraite, qui vit à Philadelphie avec sa femme (Mireille Enos) et leurs deux filles. Quand l’épidémie se répand, notre homme se tourne vers ses anciens contacts pour mettre sa famille en sûreté. Or, pour bénéficier d’une place à bord d’un porte-avions accueillant les survivants, il lui faut rendre service à son gouvernement en découvrant l’origine de la maladie, et donc un remède. Gerry, accompagné d’un médecin qui meurt rapidement et stupidement, s’envole donc vers la Corée du Sud, lieu d’origine supposé de cette épidémie qui transforme les humains en morts-vivants. Son enquête le mènera également à Jérusalem, où il rencontrera une soldate qui l’aidera dans sa mission, puis au Pays de Galles, où il devra se rendre dans un laboratoire médical rempli de zombies. Dès l’excellent générique du début, le rythme est soutenu, à la fois par des scènes d’action très impressionnantes et la musique de Marco Beltrami, idéale pour faire grimper le niveau d’adrénaline du public. Les images du réalisateur Marc Forster (l’atroce 007 Quantum) sont particulièrement efficaces: l’invasion de Newark, la destruction de Jérusalem ou la vision d’un champignon nucléaire sont autant de moments assurés de river le spectateur au grand écran. Les effets spéciaux montrant les hordes de zombies à l’assaut de murs et de bâtiments ou se répandant dans les rues de différentes métropoles sont particulièrement convaincants! La conversion en 3D mérite qu’on s’y attarde, même si le relief perd parfois de son punch en raison de la vitesse de certaines scènes, incompatible avec cette technologie. Drew Goddard (l’excellent
La cabane
dans les bois) et Damon Lindelof ( Perdus) ont réécrit la fin efficace et logique, mais trop rapide et qui arrive comme un cheveu sur la soupe, comme si les studios avaient les yeux fixés sur le chronomètre. Autre point à la fois positif et négatif:
World War Z est un film de zombies grand public — une première —, classé «13 ans et plus» au Québec: pas de gore, pas de sang et rien de dégueulasse (ce que j’ai apprécié). Malheureusement, «grand public» signifie également que le scénario manque un peu de viande.
Cela n’empêche pas
World War Z d’être un divertissement estival efficace qui nous fait oublier, pendant 116 minutes, à quel point ce début d’été manque de soleil.