Le Journal de Montreal - Weekend
LA CLASSE MOYENNE SURVIVRA-T-ELLE ?
∫ Inequality for All ∂∂∂∂∂
Oui, un documentaire sur l’économie peut être tout aussi passionnant qu’un bon film d’action!
Comment parler de l’écart de plus en plus important entre les riches (le fameux 1%) et les autres sans tomber, soit dans les excès de Michael Moore, soit dans le verbiage tellement abscons qu’il en perd tout sens?
Le réalisateur Jacob Kornbluth a réglé le problème de manière simple: il a demandé à Robert Reich, ancien secrétaire d’État américain au travail sous Bill Clinton et actuellement professeur à l’Université de Berkeley, en Californie, d’expliquer la situation.
Robert Reich est un vulgarisateur né. Sympathique, possédant son sujet à fond, il présente les chiffres et les faits avec tellement de clarté et de logique qu’on reste rivé devant l’écran pendant 90 minutes.
Évidemment, les chiffres qu’il présente ont de quoi inquiéter, terrifier, abasourdir et enrager. C’est ainsi qu’on apprend que les 400 Américains les plus riches gagnent plus que la moitié de la population du pays… combinée! Vous avez mal? Ça tombe bien, ce ne sont pas les absurdités qui manquent au royaume du capitalisme roi. Le salaire médian ne cesse de baisser (33 000 $ en 2010 contre 48 000 $ en 1978) alors que le fameux 1 % ne s’est jamais aussi bien porté avec des revenus qui ont triplé pendant la même période.
Le cinéaste Jacob Kornbluth a intercalé des entrevues touchantes avec des familles américaines qui expliquent ce qu’elles vivent au jour le jour.
Autre témoignage passionnant, celui de Nick Hanauer, chef d’entreprise millionnaire et l’un des premiers investisseurs du site Amazon.com. Farouchement opposé à cette augmentation des inégalités, il trucide en quelques phrases l’argument qui veut que des riches vraiment riches soient une manne créatrice d’emplois pour l’économie.
Ni Jacob Kornbluth, ni Robert Reich ne tombent dans le piège de proposer des solutions magiques. Par contre, Inequality for All lance tellement de questions qu’il est impossible pour le spectateur de ne pas entrevoir des pistes d’action.