Le Journal de Montreal - Weekend
Une surprise de taille
Un noyau de jeunes musiciens, capable d’élargir ses rangs à plus d’une quarantaine, augmentant d’autant les capacités et compétences, font de Snarky Puppy un des jam bands les plus distinctifs et intéressants de la décennie. Sous la férule du bassiste et directeur musical Michael League, ce groupe est fondé à Denton au Texas en 2004.
Collectif s’abreuvant aux sources des musiques populaires des 20 dernières années, on y retrouve des éléments de jazz, rock, funk, musiques de film et minimalistes (Michael Nymann), sublimées d’une empreinte originale tout en étant très accessible, sans craintes ni complexes de revisiter de grandes pages d’écriture et styles propres au Zappa des années 70, George Duke, Mahavishnu période Jan Hammer/Billy Cobham (Flight).
Aucun ego, pas de solo à l’emporte-pièce, aucune démonstration, ni innovation pour une mise à niveau avec l’époustouflant Trombone Shorty & Orleans Avenue.
Le génie est plutôt investi sur l’équilibre orchestral, les couleurs instrumentales ( Fender Rhodes, Odyssey, vibra/xylophone, cuivres, etc.), une vitesse de croisière du groove, l’effet cinématographique du recours aux cordes. Pour une oreille attentive, l’album comprenant deux mouvements ( The Curtain et The Clearing), de plus de 15 minutes et intermèdes, offrent une véritable carte routière, avec son point de départ et d’arrivée, ses méandres, nids de poule et inévitables détours pour éviter les redondances. Le tour de force, c’est l’as- sociation avec l’Orchestre Métropole.
Contrairement aux conventions, le Métropole pousse dans le dos du collectif, s’insinue même sournoisement au travers des pauses ou silences, le maintenant en alerte constante. Mais là où la surprise s’avère de taille, c’est lorsqu’on réalise que c’est enregistré en concert, après seulement quelques heures de répétition. Trippant et passionnant.
Au Métropolis, le 30 juin.