Le Journal de Montreal - Weekend
LE PREMIER TUEUR EN SÉRIE FRANÇAIS
∫ L’affaire SK1 ∂∂∂Σ ∂∂
Avec ce premier long-métrage, le réalisateur Frédéric Tellier livre une passionnante chronique policière et judiciaire, tirée d’un cas réel.
Il aura fallu sept ans aux autorités françaises pour mettre la main sur Guy Georges (Adama Niane), tueur et violeur d’une sauvagerie redoutable. Quand s’ouvre le long métrage, l’affaire SK1 du titre (SK1 signifie: serial killer numéro 1, le nom de code du dossier) n’en est pas encore une. Charlie (Raphaël Personnaz) vient de prendre son poste au 36, quai des Orfèvres (le siège de la police judiciaire) et se plonge dans de vieilles affaires. Parmi elles, le viol et le meurtre de Pascale Escarfail, non résolus.
Trois ans plus tard, une nouvelle jeune femme est tuée dans des circonstances similaires. Immédiatement, Charlie effectue des recoupements, mais cela ne mène nulle part. Car nous sommes au début des années 1990. Pas d’ordinateurs, pas de fichier ADN, pas de téléphones cellulaires. En France, même le terme «tueur en série» n’est pas encore entré dans l’usage. En parallèle, sous forme de retour dans le temps, le réalisateur Frédéric Tellier montre également le procès de Guy George, défendu par Frédérique Pons (Nathalie Baye).
L’affaire SK1 est une reconstitution remarquablement fidèle. Le réalisateur a passé une décennie à faire des recherches, à écrire le scénario et à tourner le film. Élément encore plus impressionnant: il parvient à insuffler un suspense impressionnant à cette histoire dont on connaît pourtant le dénouement (Guy Georges sera condamné à la prison à vie).
SOBRE
Les acteurs – outre Raphaël Personnaz et Nathalie Baye, la distribution comprend Olivier Gourmet et Michel Vuillermoz – sont remarquables. Personnaz joue Charlie (le nom de l’enquêteur principal a été changé) avec énormément de coeur. Son acharnement à trouver le coupable force l’admiration, tandis que l’impact des horreurs qu’il voit sur sa vie familiale permet de mieux saisir l’ampleur du travail terrible des policiers. Nathalie Baye est parfaite. Les dialogues qui lui sont donnés – notamment dans la scène où elle enjoint à Guy Georges d’avouer ses crimes – renforcent cette incompréhension qu’on a du tueur.
Ne vous attendez pas, ici, à une dramatique à l’américaine (genre Esprits criminels, pour ne citer que cette série). Sobriété, minutie, sérieux s’avèrent très efficaces pour raconter cette histoire.