Le Journal de Montreal - Weekend
PATRICK HUARD
DE RETOUR EN FORCE DANS EGO TRIP
Dans cette comédie écrite par François
Avard ( Les Bougon) et réalisée par Benoit Pelletier (qui signe ici son premier film), Patrick Huard incarne donc un animateur de talk-show sur le déclin qui accepte à contrecoeur d’effectuer un voyage en Haïti en tant que porte-parole d’une organisation humanitaire.
Ce périple organisé par son agent (joué par Antoine Bertrand) n’a en fait d’autre objectif que de redorer son image et éventuellement redonner un nouveau souffle à sa carrière.
«C’est un “has been”, mais, au fond, c’est un bon gars», explique Huard à propos de son personnage.
«Quand il a commencé sa carrière, tout le monde devait l’aimer. Il devait être chaleureux, sympathique. Mais il est entré dans une machine et il s’est laissé transporter sans se remettre en question. Il est donc sur le pilote automatique depuis trop longtemps. Il est dépassé. Il s’accroche sur ses vieilles affaires. Il est borné, égocentrique, amer, et il ne comprend pas que ça ne fonctionne plus pour lui.»
Patrick Huard avoue s’être basé en partie sur ses propres craintes et appréhensions pour construire ce personnage. «Je crois que je peux comprendre que quelqu’un, à un certain moment de sa carrière, peut se retrouver dans cette situation», dit-il. «On doit arriver à un moment où on se demande: mais qu’est-ce que je fais de si différent qu’avant? Le défi d’un artiste est de réussir à évoluer sans renier ses racines. C’est un éternel combat avec soi-même. Si tu réussis à le faire, les gens vont dire: wow, il a réussi à se réinventer. Mais si tu ne réussis pas, les gens auront l’impression que tu t’ acharnes ou que tu tournes en rond. J’ai toujours trouvé ça triste comme phénomène. J’ai déjà vu des artistes que j’aimais beaucoup se perdre là-dedans.»
OUVERTURE SUR LE MONDE
C’est donc pendant ce voyage inattendu en Haïti que le personnage joué par Huard retrouvera son humanité. Ce qui aura l’air au début d’une campagne pour soigner son image fera place bientôt à une réelle prise de conscience.
«J’aime beaucoup ce genre de personnage», indique l’acteur et humoriste.
«En général, quand je lis un scénario, je suis toujours attiré par les personnages de trous de cul. C’est un défi de les rendre humains. Dans ce cas-ci, j’étais aussi tenté par l’idée de jouer un texte de François Avard, dont je suis un grand fan. Ça n’arrive pas si souvent qu’on joue des lignes qui sonnent vrai tout en étant “punchées”. Et même si ça reste une comédie, il y a aussi une touche de drame, dans le film, qui m’a plu. Comme avec Starbuck, j’aime jouer sur le fil entre l’humour et le drame.»
Certains thèmes du film – dont celui de l’ouverture sur le monde – ont également attiré Patrick Huard. L’auteur François Avard a écrit le scénario en s’inspirant d’un voyage humanitaire qu’il a effectué à Port-au-Prince quelques mois après le tremblement de terre de 2010.
«C’est un sujet déstabilisant et dépaysant, parce que c’est loin de chez nous», explique Huard.
«On a un rapport très intime avec les Haïtiens. On est une terre d’accueil pour eux, mais en même temps, on est loin d’eux et on ne connaît pas tant leur culture et leur réalité. J’ai beaucoup appris en échangeant avec eux et en les côtoyant. Au-delà du tournage, ce fut une belle expérience de vie.»
Ego trip met aussi en vedette Antoine Bertrand, Gardy Fury, Marie-Ève Milot et Guy Jodoin. Le film Ego trip prend l’affiche le 8 juillet prochain.