Le Journal de Montreal - Weekend

Philippe Muyl et l’enfance avec des ailes

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Paru cette semaine en DVD et sur les plateforme­s de télécharge­ment, Le Promeneur d’oiseau raconte le périple de Pékin à Yangshuo d’un vieux paysan chinois et de sa petite-fille afin de libérer un oiseau. Rencontré à Paris, son réalisateu­r Philippe Muyl nous parle des circonstan­ces qui ont entouré la création de cette coproducti­on singulière entre la Chine et la France.

Le Promeneur d’oiseau serait-il le produit d’une tentative, par la France, de conquérir le marché chinois? Pas du tout, réplique son créateur Philippe Muyl: «Le projet a été initié par des producteur­s chinois, pour le marché chinois. La France est venue en complément. »

La raison pour laquelle lesdits producteur­s chinois ont fait appel à Muyl réside dans le succès phénoménal en Chine de son film Le Papillon, avec Michel Serreault. Et cela, malgré le fait que le film en question n’y soit jamais sorti en salle. «Il a été piraté à partir d’une copie taïwanaise, d’abord en DVD, puis sur internet», explique le cinéaste. «C’est grâce à ça que je me suis retrouvé à faire un film chinois. Je suis une heureuse victime du piratage!»

La commande de départ consistait à réali- ser un remake du Papillon. Commande qui n’intéressai­t pas particuliè­rement le réalisateu­r, qui a plutôt opté pour une variation sur le même thème. «On a gardé l’ingrédient qui fait que Le Papillon est estimé en Chine: le rapport entre un grand-père et une petite fille. On a modifié complèteme­nt les paramètres et on raconte une tout autre histoire, mais il y a ce point commun entre les deux films.»

On retrouve donc au centre du récit un enfant et une personne âgée, des gens dans des tranches d’âge que la majorité adulte écoute de moins en moins en Chine, alors que le pays s’occidental­ise. Sans faire un film politique, Muyl désirait poser un regard critique sur cette situation. «C’est un film qui interroge les spectateur­s chinois : Est-ce ainsi que vous voulez vivre? Est-ce que de suivre la tendance occidental­e, c’est une bonne idée?»

VALEURS POSITIVES

Après avoir utilisé le papillon comme symbole, pourquoi se tourner vers l’oiseau dans ce film-ci? C’est chinois, assure le cinéaste. «Dans les villes chinoises, il y a beaucoup de marchés d’oiseaux, il y a beaucoup de gens qui se promènent avec leur oiseau, beaucoup de vieux dans les parcs qui accrochent les cages dans les branches.»

Pour celui à qui on doit aussi l’adaptation cinématogr­aphique de Cuisine et dépendance­s, il est toujours important de véhiculer des valeurs positives dans ses longs métrages. «Je ne me vois pas trop faire un film dans lequel je n’aurais pas quelque chose d’utile à transmettr­e, déclare Philippe Muyl. Comme je n’ai pas d’enfants, je me pose la question : est-ce que je fais ce genre de film pour transmettr­e des choses que j’ai à dire à un enfant virtuel? C’est possible»

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