Le Journal de Montreal - Weekend

SOUVENIRS DE VOYAGES

- Gilles Proulx Collaborat­ion spéciale

La semaine dernière, je comparais Trinidad, petit pays affairiste, à un colibri, jamais fatigué. Eh bien, à Tobago, c’est le contraire. Pour le voyageur, c’est beaucoup plus intéressan­t sur cette île située à deux heures et demie en bateau de sa «grande soeur». Tobago, c’est un gros village de 50 000 habitants (environ 4 % de la population de Trinidad et Tobago) sur un territoire un peu plus petit que celui de l’île de Montréal.

En avril dernier, pendant mon voyage, c’était le festival de jazz. Il y avait de la musique partout. L’instrument national, le steel pan, fabriqué avec des barils d’essence tronqués, faisait entendre ses notes caractéris­tiques. Sympathiqu­e au début, mais finit par être fatigant… Au cours d’une cérémonie en l’honneur des Britanniqu­es, un orchestre de steel pan a joué, à mon grand étonnement, le God Save the Queen, puis du Beethoven, puis du Mozart.

L’île compte 76 plages. La population est noire et métissée. Le rythme de vie, beaucoup plus lent qu’à Trinidad la bourdonnan­te, se prête au farniente.

Les moeurs sexuelles sont étonnammen­t relâchées. Les couples ont l’habitude de faire l’amour en public pendant les grands événements musicaux… Les policiers les voient, mais ils laissent faire. Voilà qui serait inimaginab­le au Québec.

On peut faire un certain parallèle entre le Québec et Tobago: l’île réclame une plus grande part des recettes du pétrole et davantage d’autonomie… exactement comme une province! Culturelle­ment, on peut dire qu’il y a «deux solitudes» ici aussi.

La France a longtemps eu un fort à Tobago, qu’elle n’a abandonné qu’après l’abdication de Napoléon en 1814.

Enfin, c’est apparemmen­t à Tobago que Daniel Defoe situa son personnage de Robinson Crusoé… Mais n’allez surtout pas dire ça aux Chiliens, qui soutiennen­t que c’est leur île de Fernandez qui a inspiré le romancier britanniqu­e.

La semaine prochaine, je reviendrai sur l’étonnante présence indienne dans cette partie des Caraïbes, où j’ai même pu assister à des funéraille­s hindoues avec un bûcher funéraire.

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