Le Journal de Montreal - Weekend
UN DRAME INSPIRANT DANS LEQUEL ON SE PERD UN PEU
La salle de danse
En mettant en scène une partie de la vie de Jimmy Gralton, Ken Loach livre un drame évocateur, mais dans lequel on se perd un peu. Nous sommes en 1932. Jimmy Gralton (Barry Ward) revient en Irlande après avoir passé 10 ans à New York (le film s’ouvre d’ailleurs sur des images d’époque de la métropole). Dès son retour, le père Sheridan (Jim Norton) offre de lui trouver du travail à Londres, comme s’il craignait le retour de cet enfant du pays au passé trouble.
Car Jimmy rapporte dans ses bagages, non pas ses idéaux socialistes – il les avait en partant –, mais des disques de jazz. Et quand il accepte de rouvrir le Pearse-Connolly Hall, dans lequel la population locale peut danser, lire et vivre hors du regard pesant de l’église, les problèmes commencent.
Comme le dit l’une des villageoises, «the masters and the pastors» («les maîtres et les prêtres») sont l’opposition principale à ce lieu de regroupement, à tel point que Jimmy est bien vite présenté par le père Sheridan comme le diable en personne. De fait, ses opposants mettent tout en oeuvre pour se débarrasser de ce lieu, et donc de lui.
Jimmy Gralton, seul irlandais déporté de son pays après l’indépendance, est un personnage inspirant, même s’il est incar- né par un acteur peu connu. À cause de la clarté du combat présenté – obscurantisme du clergé contre libération sociale prônée par les communistes –, on ne peut s’empêcher d’être de tout coeur avec ce héros d’un autre temps.
DIFFICILE À COMPRENDRE
Par contre, et c’est le plus grand point négatif du long métrage, Ken Loach ne s’embarrasse pas d’explications sur le contexte politique irlandais de l’époque. On est donc, au hasard de certaines scènes, jeté dans des discussions aux subtilités difficiles à comprendre (malgré les quelques phrases d’introduction du film).
Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes de 2014, Jimmy’s Hall est, sans conteste, un film inspirant, d’autant que Ken Loach ne tombe jamais dans la lourdeur et l’apitoiement. Par contre, on en sort avec une impression d’être passé à côté de tout ce que cette histoire aurait pu offrir.