Le Journal de Montreal - Weekend
VOYAGER AUTREMENT Nantes vaut le détour
NANTES, Pays de la Loire (France) | En quelques années, la ville a changé de visage. Transformée, la friche industrielle qu’avait laissée l’ancien chantier naval sur l’île de Nantes ; métamorphosée, l’emblématique biscuiterie LU ; redynamisées, les localités essaimées de part et d’autre de la Loire vers l’océan. En toute saison, un voyage à Nantes se justifie pleinement.
Au sol, une ligne verte, longue de 10 km, sert de lien à travers la ville entre toutes sortes d’attraits et de lieux, au total 24 étapes.
Le plus spectaculaire des monuments nantais demeure le château des Ducs de Bretagne, splendide construction du XVe siècle entourée de remparts. Converti en musée d’histoire de la ville, ce monument est un témoin de l’histoire de Nantes ainsi que de celle de la Bretagne.
Indépendante, la Bretagne ne fut rattachée à la couronne de France qu’en 1491 par le mariage d’Anne de Bretagne avec Louis VIII, roi de France. L’union définitive de la Bretagne et de la France ne fut scellée qu’en 1532, sous le règne de François 1er.
UNE VILLE PROSPÈRE AU XVIIIe
Jadis grand port océanique, Nantes a connu une grande prospérité au XVIIIe siècle grâce à la traite des Noirs africains et au commerce avec les îles antillaises. Le très lucratif commerce du «bois d’ébène», dont Nantes s’est accaparé 42 % du marché français durant ce siècle-là, a fait la fortune des familles d’armateurs, de commerçants et de capitaines.
Les hôtels particuliers et les demeures qu’ils s’étaient fait construire sont encore là – certaines dotées de mascarons représentant des «têtes de Nègres» – dans le quartier de l’île Feydeau et quai de la Fosse.
Sur ce même quai où jadis accostaient les navires en partance pour les comptoirs d’Afrique ou de retour des Antilles avec leur cargaison de sucre, de rhum, de tabac, de coton et d’indigo, a été aménagé le Mémorial de l’abolition de l’esclavage. Un parcours urbain de 1,5 km composé de 11 panneaux d’information relie symboliquement le musée d’histoire de Nantes et le Mémorial.
Quai de la Fosse, avant d’accéder au Mémorial, on marche sur 2000 plaques de verre rappelant les noms de 1710 bateaux négriers partis de Nantes qui, selon les estimations, ont transporté 550 000 captifs africains destinés à l’esclavage.
CHANTIERS NAVALS
En ces temps-là, Nantes possédait d’importants chantiers navals. Le dernier de ceux-ci, sur l’île de Nantes, quai des Antilles, a fermé ses portes il y a des années. Sur cette immense friche industrielle se sont installées des entreprises innovantes, dont Les Machines de l’île.
Dans la ville natale de Jules Verne, les créateurs de ces drôles de machines combinent leur part d’imagination et leur génie technique. Sortis des ateliers de ces concepteurs de rêves, il y a L’Arbre aux hérons et le Carrousel des monstres marins. Quant au plus spectaculaire, Le Grand éléphant, il mesure 12 mètres de haut et 8 mètres de large, accueille 52 passagers et circule sur l’île tout en offrant une vue sur une bonne partie de la ville.
Le Voyage à Nantes, qui oeuvre au développement économique en combinant culture et tourisme, intègre également les municipalités des deux rives de la Loire jusqu’à Saint-Nazaire. Vingt-huit oeuvres artistiques majeures, dont dix sont installées à Nantes même, servent à baliser le territoire de la vaste communauté urbaine nantaise. Elles constituent autant de raisons de se déplacer en périphérie de la ville. Dans tous les cas, on a retenu des sites qui ont une histoire particulière.
«Nous nous sommes inspirés de l’expérience des villes consacrées capitales européennes de la culture. Le parcours touristique et culturel que nous proposons consiste à mettre la ville en scène. Notre démarche est innovante et n’existe pas ailleurs en France», dit Jean Blaise, le directeur général de l’organisme Le Voyage à Nantes, maître de tous ces projets.