Le Journal de Montreal - Weekend

Cynisme cinglant, mais assumé

- Véronique Harvey Journal de Montréal

Reconnu comme un scénariste audacieux, qui n’a pas peur des mots, Louis Morissette frappe fort avec Le Mirage, un film au cynisme cinglant… mais assumé.

«J’ai écrit ce film pour le message que j’avais à livrer. Toutes les phrases les plus dures, je les ai gardées, au risque que certaines personnes boudent le film parce qu’il est trop difficile. J’ai fait fi complèteme­nt du résultat et du marché cible. En fait, c’est un film anti-marketing au bout», explique le scénariste, ajoutant qu’il n’y a pas une scène ni même une réplique qu’il changerait s’il en avait la possibilit­é.

«Je suis en paix avec tout le contenu», poursuit-il.

Le bonheur est un sujet fort complexe. Difficile à définir, difficile à atteindre. C’est du moins la prémisse du film Le Mirage, qui relate le quotidien d’un parfait père de famille et banlieusar­d assumé, dont la vie dérape le jour où il réalise ne pas être l’homme qu’il a toujours voulu être. «Dans le temps de C.A., même si le ton était différent, on parlait parfois de choses assez intimes, de chambre à coucher, de ce qui ne se dit pas dans un couple. Quand j’arrivais dans la chambre de hockey, le mercredi soir, plusieurs gars me disaient qu’ils n’étaient pas capables de regarder l’émission avec leur blonde, parce que ça générait trop de discussion­s. J’espère que cette fois-ci, les gens vont avoir envie de voir le film, envie d’avoir la discussion du bonheur avec leur conjoint.»

LA SIGNATURE DE TROGI

En plus de signer le scénario du long-métrage – avec son fidèle complice François Avard –, Louis Morissette incarne également le personnage principal de l’histoire: Patrick Lupien.

«Dès le début, j’ai voulu le jouer. Je le sentais bien. Je pense que je suis un pas pire acteur, très bon dans certaines choses, moins bon dans d’autres, mais là, ça tombait en plein dans mes cordes.»

Et pour Morissette, la décision de proposer la réalisatio­n du film à Ricardo Trogi s’est prise naturellem­ent. C’est le lien de parenté dans le ton et le thème qui a aiguillé le scénariste vers le réalisateu­r des films Québec-Montréal, Horloge biologique et 1987.

Sans imposer son style, Trogi a toutefois apposé sa signature visuelle au film, qui comporte de nombreux plans-séquences et une facture contemplat­ive propre au réalisateu­r.

«Un jour, je réaliserai un film à mon tour, mais c’est certain que ma première réalisatio­n ne sera pas un film dans lequel je vais jouer. Je vais me concentrer sur une chose à la fois. Là, je suis encore dans une phase d’apprentiss­age de ma vie. C’est un métier qui est fragile, qui n’est pas facile, alors je l’aborde avec beaucoup d’humilité. Mais un jour, j’aimerais ça, réaliser », conclut Louis Morissette.

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