Le Journal de Montreal - Weekend

L’ado transgenre qui affole l’Amérique

Depuis la transforma­tion ultramédia­tisée de Bruce Jenner en Caitlyn, l’Amérique semble s’être trouvée une nouvelle passion pour les transgenre­s. La nouvelle télé-réalité consacrée à l’adolescent­e de 14 ans Jazz Jennings en est la dernière illustrati­on en

- MALIK COCHEREL Collaborat­ion spéciale

Le 15 juillet dernier, la chaîne TLC - grande spécialist­e des téléréalit­és au parfum sulfureux et au goût douteux (à l’image de 19 Kids and Counting récemment déprogramm­é pour cause de scandale sexuel) - a dévoilé son nouveau programme: I Am Jazz. Une émission de 11 épisodes, tous consacrés à Jazz Jennings. Née avec un sexe masculin, l’adolescent­e de 14 ans a vu sa vie basculer quand on a détecté chez elle une dysphorie de genre à tout juste 5 ans. Ce qui fait d’elle l’une des plus jeunes personnes à avoir été diagnostiq­uée d’un tel trouble de l’identité sexuelle. Deux ans plus tard, en 2007, Jazz Jennings a rendu publique sa transforma­tion en fille. Depuis, elle ne cesse de militer pour la cause transgenre. Le magazine Time l’a même nommée parmi les 25 adolescent­es les plus influentes de la planète.

UNE FASCINATIO­N POUR LES TRANSGENRE­S

La voir aujourd’hui à la tête d’une télé-réalité qui lui est entièremen­t dédiée n’est donc pas vraiment surprenant. Avant cela, la jeune fille n’hésitait pas déjà à se confier, face caméra, sur sa condition de jeune transgenre dans des vidéos YouTube particuliè­rement suivies. L’émission de Jazz Jennings s’inscrit surtout dans une tendance, alors que les personnali­tés transgenre­s n’ont jamais autant fasciné le grand public, de Laverne Cox, star de la série Orange Is the New Black en passe de devenir la première actrice transgenre à avoir sa statue de cire au musée Tussaud, à l’ex-champion olympique Bruce Jenner devenu femme à 65 ans, et qui au- ra elle aussi les honneurs d’une téléréalit­é, I Am Cait, dès le 31 juillet sur la chaîne E!.

Dans son émission, Jazz Jennings compte bien répondre à ses détracteur­s qui la jugeaient bien trop jeune pour une transforma­tion. «Les gens pensent que c’est un choix que j’ai fait, que je me suis réveillée un matin en me disant, ‘Je suis une fille’, mais non. Je suis simplement née comme ça, j’ai toujours été une fille», a-t-elle expliqué au magazine People. L’adolescent­e, qui avait déjà écrit un livre intitulé I Am Jazz, pour aider les jeunes qui ont de la difficulté à trouver leur identité sexuelle, entend également profiter de sa télé-réalité pour battre en brèche quelques contre-vérités sur la condition de transgenre. «Ce n’est pas qu’une question de chirurgie, de ce qui se trouve entre tes jambes, mais c’est aussi... ce qu’il y a entre tes oreilles. Être transgenre, c’est apprendre à s’aimer et à accepter sa différence», a-t-elle déclaré. «Les gens doivent comprendre que ce n’est pas seulement une aventure médicale».

BÊTE DE FOIRE

Bien sûr, ce genre de télé-réalité prête aussi le flanc à la critique. Il y a certaineme­nt un côté voyeur - comme dans toute émission de ce type - à déballer l’intimité d’une ado, transgenre qui plus est. Et on peut craindre - à tort ou à raison - de voir Jazz Jennings devenir une vraie bête de foire, de la même façon qu’on peut questionne­r les réelles motivation­s d’une grande marque de cosmétique (Clean & Clear pour ne pas la citer) à faire de la jeune fille son égérie. En attendant, la principale intéressée préfère ne voir que le côté positif des choses. «Je pense que les gens commencent à être plus ouverts d’esprit pour nous accepter tels que nous sommes», a-telle encore confié à People.

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