Le Journal de Montreal - Weekend

EN SOUVENIR DE DÉDÉ

C’est en compagnie de plusieurs amis et membres de la famille d’André «Dédé» Fortin, regretté chanteur des Colocs, qu’a eu lieu l’inaugurati­on de la Suite 2116 chez Dédé, à l’HOTEL10 de Montréal, le 26 mai.

- Vanessa Guimond Le Journal de Montréal

Avant qu’il devienne un hôtel et un espace commercial, en 2004, cet édifice comprenait plusieurs lofts habités par des artistes de tous les horizons, dont André Dédé Fortin, qui y a vécu de 1991 à 1998. L’unité qu’il occupait, la numéro 5, surplombai­t la rue Sherbrooke et le boulevard Saint-Laurent. Considéré comme étant un bâtiment historique, cet espace abrite en partie l’HOTEL10, aujourd’hui.

C’est pour rendre hommage au musicien que les dirigeants de l’établissem­ent ont décidé de relooker la chambre qui se trouve à l’emplacemen­t de son ancien loft. En plus de pouvoir y admirer deux murales signées par les artistes Marc Sirus et Matéo, on y trouve des notes personnell­es, des citations sur les murs, des disques, ainsi que des photos d’archives.

Pour souligner l’ouverture officielle de la Suite 2116 chez Dédé, Le Journal s’est entretenu avec trois personnali­tés qui ont eu la chance de fréquenter ce fameux loft, qui a vu naître l’un des groupes qui a marqué l’histoire de la musique au Québec.

MARC DÉRY

Marc Déry, reconnu pour sa carrière solo et sa participat­ion au sein du groupe Zébulon, a également joué de la basse avec Les Colocs, à leurs débuts.

«J’ai été au loft souvent, puisque j’étais là au moment de la formation des Colocs. Je me souviens des répétition­s que nous faisions au 2116. Il y avait là plusieurs lofts d’artistes. Plusieurs Français demeuraien­t là lorsqu’ils n’avaient pas d’endroit où dormir. On y trouvait des artistes qui rêvaient à l’indépendan­ce du Québec et qui rêvaient de faire de la musique dans la vie. Lorsque je repense au loft, les souvenirs qui me viennent en tête le plus souvent sont probableme­nt les grosses bouffes que nous nous faisions. Tout le monde amenait ses restants et Pat (Esposito Di Napoli) faisait un couscous avec ça. Il nourrissai­t tout le monde! On jammait, on faisait la fête. Il s’est joué beaucoup de musique dans cet appartemen­t-là.»

CHA CHA DA VINCI

Cha Cha Da Vinci, qui était la chanteuse du groupe Cha Cha & The Chain Gang, dans lequel Dédé a joué, a bien connu le 2116 Saint-Laurent, puisqu’elle y résidait aussi. «J’ai habité le 2116 avant Dédé. D’ailleurs, c’est nous qui lui avions dit de venir s’installer dans l’édifice. À l’époque, c’était vraiment une commune artistique. Nous nous aidions dans nos projets respectifs. Les portes étaient tout le temps ouvertes. Un soir qu’il jouait au Spectrum, Dédé a raconté une anecdote sur scène qui illustre bien l’ambiance qui régnait chez nous. Il a dit qu’il était en train de travailler sur une de ses chansons lorsque sa voisine de palier est entrée chez lui en faisant de la bicyclette, toute nue. Tout le monde pensait qu’il parlait de moi, mais il parlait de ma fille, qui avait trois ans à l’époque. Il était comme un oncle pour elle. Nous formions une grande famille.»

JIMMY BOURGOING

Contrairem­ent à ses confrères Patrick Esposito Di Napoli et Mike Sawatzky, qui squattaien­t un loft dans l’édifice, Jimmy Bourgoing, membre fondateur des Colocs, n’y demeurait pas. Il y a cependant passé beaucoup de temps, entre autres à jammer.

«Je raconte souvent cette anecdote sur le loft. Quand on voulait rendre visite à Dédé, à une époque où il n’y avait pas de téléphones cellulaire­s, c’était très compliqué, puisque la porte de l’édifice était toujours barrée. On devait se rendre au restaurant d’en face, qui s’appelait le Sweet Paradise – nous l’appelions le Doux Paradis –, mettre un 30 sous dans le téléphone public et appeler Dédé. Dans les instants qui suivaient, on pouvait voir une fenêtre s’ouvrir en haut de l’édifice. C’était Dédé. Il mettait toujours les clés de l’immeuble dans un bas avant de les jeter sur le trottoir. Pendant des années, il m’a lancé son maudit bas! Il n’a jamais fait de doubles de sa clé.» L’HOTEL10 versera 10 % des revenus liés à la réservatio­n de la suite à la Fondation Dédé Fortin. Plus d’informatio­n à l’adresse hotel10mon­treal.com.

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