Le Journal de Montreal - Weekend

STEVEN AVERY

RETOUR SUR L’AFFAIRE

- Vanessa Guimond Le tueur innocent de Michael Griesbach est en vente aux éditions Bragelonne.

Dans son livre The Innocent Killer, dont la traduction française, Le tueur innocent, vient tout juste de paraître au Québec, le procureur Michael Griesbach met en lumière les failles d’un système qui a permis à Steven Avery de passer 18 années de sa vie en prison pour un viol qu’il n’avait pas commis. Malgré tout, celui qui a contribué à sa libération, en 2003, croit fermement que le principal sujet de Making a Murderer se trouve aujourd’hui là où il doit être, c’est-à-dire en prison pour le meurtre de Teresa Halbach, survenu en 2005.

Depuis le lancement du documentai­re Making a Murderer sur Netflix, en décembre, des millions d’internaute­s se sont familiaris­é avec cette saga judiciaire qui secoue la ville de Manitowoc, au Wisconsin, depuis 30 ans déjà. Afin d’en apprendre un peu plus sur ses motivation­s, Le Journal s’est entretenu avec l’auteur Michael Griesbach, pour qui la thèse du coup monté par la police défendue par Making a Murderer ne tient pas la route. Voici ce qu’il avait à nous dire. Votre livre est paru, dans sa version originale, en août 2014, bien avant la diffusion de Making

a Murderer. Pourquoi vous être penché sur l’affaire Avery ? J’étais frustré par rapport à la façon dont les choses se sont déroulées, lors de son premier procès, ainsi que par les gestes posés par le shérif et le procureur du district, qui n’ont jamais été tenus responsabl­es de leurs actes. Par la suite, quand le meurtre de Teresa Halbach s’est produit, c’est devenu évident, à mes yeux, que quelqu’un devait écrire au sujet de cette histoire. Comment avez-vous réagi lorsque vous avez visionné Making a Murderer ? J’ai écouté les épisodes en rafale. C’était captivant (...) Cependant, j’ai senti rapidement, en le visionnant, qu’il ne présentera­it pas une vision objective de l’affaire (...) Par contre, je dois admettre qu’il a mis en lumière des éléments qui m’étaient jusque là inconnus. Lesquels ? Au moment d’écrire mon livre, j’avais, comme tout le monde, tenu pour acquis que Brenden Dassey avait admis son crime (...) Cependant, je ne connaissai­s pas les détails liés à sa confession. Ça m’a surpris. Tellement, que j’ai décidé de me lancer dans l’écriture d’un deuxième livre. J’ai eu des doutes, alors j’ai décidé de me replonger dans le procès pour meurtre de Steven Avery afin d’en avoir le coeur net. Et puis? Croyez-vous toujours que Steven Avery et Brendan Dassey sont les assassins de Teresa Halbach ? J’en suis convaincu plus que jamais, surtout dans le cas de Steven Avery. Quand on regarde de près l’ensemble des témoignage­s, pas juste ce qui a été montré dans le documentai­re, et qu’on cherche à découvrir qui est réellement Steven Avery, on réalise que Making a Murderer a terribleme­nt «manipulé» certaines preuves (...) Si tout ce qu’une personne connaît du procès Avery provient de Making a Murderer, c’est évident qu’elle croira que la police a dissimulé des preuves chez lui. Pourquoi les documentar­istes (Laura Ricciardi et Moira Demos) défendraie­nt-elles un meurtrier de manière délibérée, selon vous ? C’est une excellente question. Je crois que leur objectif était de remettre en question le système de justice criminelle américain. C’était aussi le mien, en parlant du premier procès. Je pense que cela servait mieux leurs propos de suggérer qu’il avait été victime d’un coup monté par la police et qu’il pouvait être, une fois de plus, innocent.

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