Le Journal de Montreal - Weekend
ÇA PREND L’EAU...
Cette suite à Trouver Némo est bien loin de posséder l’attrait de ce dernier. Car, lorsqu’on consacre un film entier à un personnage qui servait à faire rire, le charme n’opère plus.
Doris (Ellen DeGeneres en version originale, Anne Dorval en version québécoise) est ce petit poisson bleu bien sympathique, vu dans Trouver Némo il y a 13 ans. Malheureusement affligée de la perte de sa mémoire à court terme, elle y passait son temps à reposer les mêmes questions et à refaire les mêmes gestes. Ici, le coréalisateur et coscénariste Andrew Stanton, après s’être dit qu’il était dommage de ne pas avoir passé plus de temps sur Doris, a décidé d’en faire le personnage principal de ce nouveau film d’animation (présenté en 3D, gadget inutile).
Le début un peu longuet s’attarde sur la petite enfance de Doris, entourée de ses deux parents (seule Anne Dorval a contribué à la version québécoise, les dialogues des parents de Doris sont parfois trop typiquement «français de France»… ils appellent notamment leur fille «Choupinette»!?! Mentionnons également le mot «gerber» entendu au détour d’une réplique des tortues au lieu de «vomir», bien plus compréhensible chez nous). Ceux-ci, bien conscients de son handicap tentent de lui inculquer des notions de sécurité afin de pallier ses pertes de mémoire. Mais rien n’y fait, Doris finit par se perdre.
Avance rapide à Marlin et Némo, l’histoire reprenant un an après les événements de Trouver Némo. Doris oublie toujours autant de choses, Marlin trouvant cela de plus en plus agaçant. Un jour, elle retrouve un souvenir, ténu, et se rappelle qu’elle a déjà eu des parents. Il n’en faut pas plus pour qu’elle décide de se lancer à leur recherche, entraînant ses deux amis avec elle. Évidemment, les aventures – très longues – sont au rendez-vous puisque Doris est séparé de ses compagnons de voyage. Rassurez-vous tout de suite, car comme dans tout Pixar/Disney, tout est bien qui finit bien!
POUR LES TOUT-PETITS
Trouver Doris ne s’adresse qu’aux petits (moins de 5 ou 6 ans). L’intrigue est, au mieux, très mince, au pire du réchauffé, une copie de Trouver Némo mis au goût du jour grâce aux nouvelles technologies d’animation. Parlant de style, les décors sont magnifiques, mais les poissons font malheureusement un peu «plastiques» (Némo et Marlin, notamment) surtout sur grand écran. Les «gags» s’éternisent et se répètent, sans que les adultes y trouvent leur compte. Certains, même, arrivent comme un cheveu sur la soupe (l’oiseau qui aide Marlin et Némo par exemple).
De plus, que dire d’Anne Dorval qui double aussi la voix de la guide du Centre de biologie marine? Cette brisure du quatrième mur (celui qui sépare le public des personnages du film) provoque maints questionnements pendant la projection, sans qu’on parvienne à comprendre le pourquoi d’une telle initiative qui ne figure pas dans la version originale. Quant au message général (tu peux tout faire, malgré n’importe quel handicap), il devient rapidement trop lourd à force de répétitions.
Si Trouver Doris fait passer 97 minutes distrayantes aux petits, les grands, eux, seront nettement moins ravis d’avoir dû y assister (un conseil, allez donc voir Zootopia en famille si ce n’est déjà fait).