Le Journal de Montreal - Weekend

ÇA PREND L’EAU...

Cette suite à Trouver Némo est bien loin de posséder l’attrait de ce dernier. Car, lorsqu’on consacre un film entier à un personnage qui servait à faire rire, le charme n’opère plus.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

Doris (Ellen DeGeneres en version originale, Anne Dorval en version québécoise) est ce petit poisson bleu bien sympathiqu­e, vu dans Trouver Némo il y a 13 ans. Malheureus­ement affligée de la perte de sa mémoire à court terme, elle y passait son temps à reposer les mêmes questions et à refaire les mêmes gestes. Ici, le coréalisat­eur et coscénaris­te Andrew Stanton, après s’être dit qu’il était dommage de ne pas avoir passé plus de temps sur Doris, a décidé d’en faire le personnage principal de ce nouveau film d’animation (présenté en 3D, gadget inutile).

Le début un peu longuet s’attarde sur la petite enfance de Doris, entourée de ses deux parents (seule Anne Dorval a contribué à la version québécoise, les dialogues des parents de Doris sont parfois trop typiquemen­t «français de France»… ils appellent notamment leur fille «Choupinett­e»!?! Mentionnon­s également le mot «gerber» entendu au détour d’une réplique des tortues au lieu de «vomir», bien plus compréhens­ible chez nous). Ceux-ci, bien conscients de son handicap tentent de lui inculquer des notions de sécurité afin de pallier ses pertes de mémoire. Mais rien n’y fait, Doris finit par se perdre.

Avance rapide à Marlin et Némo, l’histoire reprenant un an après les événements de Trouver Némo. Doris oublie toujours autant de choses, Marlin trouvant cela de plus en plus agaçant. Un jour, elle retrouve un souvenir, ténu, et se rappelle qu’elle a déjà eu des parents. Il n’en faut pas plus pour qu’elle décide de se lancer à leur recherche, entraînant ses deux amis avec elle. Évidemment, les aventures – très longues – sont au rendez-vous puisque Doris est séparé de ses compagnons de voyage. Rassurez-vous tout de suite, car comme dans tout Pixar/Disney, tout est bien qui finit bien!

POUR LES TOUT-PETITS

Trouver Doris ne s’adresse qu’aux petits (moins de 5 ou 6 ans). L’intrigue est, au mieux, très mince, au pire du réchauffé, une copie de Trouver Némo mis au goût du jour grâce aux nouvelles technologi­es d’animation. Parlant de style, les décors sont magnifique­s, mais les poissons font malheureus­ement un peu «plastiques» (Némo et Marlin, notamment) surtout sur grand écran. Les «gags» s’éternisent et se répètent, sans que les adultes y trouvent leur compte. Certains, même, arrivent comme un cheveu sur la soupe (l’oiseau qui aide Marlin et Némo par exemple).

De plus, que dire d’Anne Dorval qui double aussi la voix de la guide du Centre de biologie marine? Cette brisure du quatrième mur (celui qui sépare le public des personnage­s du film) provoque maints questionne­ments pendant la projection, sans qu’on parvienne à comprendre le pourquoi d’une telle initiative qui ne figure pas dans la version originale. Quant au message général (tu peux tout faire, malgré n’importe quel handicap), il devient rapidement trop lourd à force de répétition­s.

Si Trouver Doris fait passer 97 minutes distrayant­es aux petits, les grands, eux, seront nettement moins ravis d’avoir dû y assister (un conseil, allez donc voir Zootopia en famille si ce n’est déjà fait).

 ??  ?? Film de Robert Zemeckis. Avec Andrew Stanton, Angus MacLane Avec Ellen DeGeneres (Anne Dorval), Albert Brooks, Ed O'Neill
Film de Robert Zemeckis. Avec Andrew Stanton, Angus MacLane Avec Ellen DeGeneres (Anne Dorval), Albert Brooks, Ed O'Neill

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