Le Journal de Montreal - Weekend
AU NOM DE LA MÈRE
Plus d’un an après avoir ému les cinéphiles au Festival de Cannes, le bouleversant drame Ma mère, plus récent film du réalisateur italien Nanni Moretti, arrive enfin sur les écrans du Québec vendredi prochain. Le Journal a rencontré le réputé cinéaste en
Après avoir raconté l’histoire d’un pape en remise en question existentielle dans sa comédie dramatique Habemus Papam, Nanni Moretti a choisi de se pencher sur un sujet beaucoup plus personnel avec son plus récent film, Ma mère (Mia Madre). S’inspirant du décès de sa propre mère, le cinéaste italien y relate le déchirement de Margherita (Margherita Buy), une cinéaste qui tente de trouver du temps pour s’occuper de sa mère mourante alors qu’elle est en plein milieu d’un tournage de film.
«Tout de suite après avoir terminé Habemus Papam, j’ai décidé que mon prochain film serait inspiré de la mort de ma mère, a expliqué Nanni Moretti au Journal par le biais d’un traducteur.
«J’ai voulu que le film soit centré sur un personnage de réalisatrice dont la mère est très malade mais qui ne peut pas passer autant de temps qu’elle voudrait avec elle parce qu’elle tourne son film. La base du film était vraiment là. Plus tard, j’ai ajouté des éléments de fantaisie au récit comme la mise en abyme, l’idée du film dans le film et le mélange de rêve et de réalité.»
UNE BONNE DOSE D’HUMOUR
Si le sujet de Ma mère est assez sombre, Nanni Moretti a réussi à alléger le tout avec un subtil mélange d’humour et de tendresse qui est devenu, d’un film à l’autre, une de ses marques de commerce. «Pour moi, ça s’est fait de façon assez naturelle dès le départ. Le mélange de drame et de comédie est ma façon personnelle d’écrire des films.»
LES FEMMES À L’HONNEUR
Que ce soit dans Habemus Papam, La chambre du fils ou Le Caïman, Nanni Moretti a souvent mis en scène des protagonistes masculins. Pour une rare fois dans son oeuvre, Moretti a choisi de construire son nouveau film autour d’un personnage féminin.
«J’ai eu envie de changer, dit-il. Et ça me semblait plus intéressant de raconter cette histoire à travers les yeux d’une femme. D’abord, la relation entre une mère et sa fille me semblait plus intéressante et puis, j’aimais l’idée de mettre en scène une femme réalisatrice. En écrivant le scénario, j’ai tout de suite eu Margherita (Buy) en tête. J’avais déjà travaillé avec elle à deux reprises déjà et on s’était très bien entendus. Elle a un talent exceptionnel et je sentais que son jeu allait pouvoir m’offrir tout ce dont j’avais besoin pour le rôle.»
LA FOLIE DE TURTURRO
Une bonne partie de l’humour de Ma mère passe par l’acteur Turturro qui joue une vedette américaine qui mène la vie dure à Margherita sur le plateau de tournage de son film.
«John Turturro a une certaine folie dans son jeu et c’est ce que je voulais qu’il apporte à mon film, souligne Moretti. Je ne voulais pas d’une star hollywoodienne qui ne serait pas capable d’apprendre ses lignes et qui retournerait chez lui sans trop savoir ce qu’il a tourné. Or, John Turturro a un lien très fort avec l’Italie. Il a travaillé avec plusieurs cinéastes italiens et sa famille a des origines italiennes. Il y avait donc une connexion.»
CHOUCHOU À CANNES
Présenté l’an passé en compétition au Festival de Cannes, Ma mère a ému le public et les critiques mais a été ignoré par le jury présidé par les frères Coen, à la surprise de plusieurs. Nanni Moretti, un cinéaste chouchou à Cannes, a déjà remporté la Palme d’or en 2001 avec son film La chambre du fils et le prix de la mise en scène en 1994 avec Journal intime.
Ma mère (Mia Madre) prend l’affiche vendredi (le 24 juin).).