Le Journal de Montreal - Weekend

DES RÔLES PAS À LA HAUTEUR DES TALENTS

Une histoire d’amitié entre un écrivain et son éditeur ne parvient pas à intéresser en dépit de la présence d’une pléthore de vedettes, dont Jude Law, Colin Firth ou Nicole Kidman.

- Isabelle Hontebeyri­e

Le nom de Thomas Wolfe (Jude Law) ne vous dit probableme­nt rien. Pourtant, cet auteur américain du début du XXe siècle a été qualifié par William Faulkner de plus grand talent de sa génération. C’est donc sur cet écrivain bien peu connu que le scénariste John Logan a décidé de se concentrer, tirant son inspiratio­n de l’ouvrage Max Perkins: Editor of Genius de A. Scott Berg. Car Genius n’est pas du tout un film biographiq­ue, mais l’examen de l’amitié qui lia Thomas Wolfe à Maxwell Perkins (Colin Firth), son éditeur.

Sujet pointu s’il en est un, porté à l’écran par Michael Grandage, connu chez les Britanniqu­es pour son travail au théâtre (il possède d’ailleurs sa propre compagnie et signe ici son premier long métrage), influence qui se sent dans la manière dont tous les acteurs appréhende­nt leurs rôles, c’est-à-dire tour à tour compassé, rigide et excessivem­ent sérieux.

L’ÉDITEUR DE HEMINGWAY

Les premières minutes s’ouvrent sur les annotation­s qu’effectue Maxwell Perkins sur le manuscrit de Thomas Wolfe, document qui deviendra Look Homeward, Angel, A Story of the Buried Life (titré de différente­s manières en français, la dernière traduction étant L’Ange exilé, une histoire de la vie ensevelie). Si ce genre de scène est extrêmemen­t intéressan­te – Perkins est l’éditeur d’Ernest Hemingway (Dominic West) et de Scott Fitzgerald (Guy Pearce), vous imaginez ce que ça donne lorsqu’il décide de corriger l’un des manuscrits d’Hemingway –, le reste se prête difficilem­ent au grand écran.

Car le coeur du film, outre l’amitié profonde qui se développe entre les deux hommes, complément­aires par leur travail, est l’édition de Of Time and the River (le titre français de l’édition la plus récente est Le Temps et le fleuve).

PERSONNAGE­S CARICATURÉ­S

Tant Maxwell que Thomas en deviennent rapidement caricatura­ux, l’un écrivant compulsive­ment, et l’autre se réfugiant jusque dans un placard pour éditer des textes. On note également la présence à l’écran de Nicole Kidman en maîtresse, muse et bienfaitri­ce ainsi que Laura Linney en femme de Maxwell, les deux actrices ayant ici des rôles qui sont loin d’être à la hauteur de leur talent.

De surcroît, le film est baigné dans une couleur vaguement sépia, propice à cette période, mais dont l’effet, au bout de 104 minutes exaspère prodigieus­ement, car il donne, à l’ensemble du long métrage, un aspect suranné. Bref, la distributi­on est alléchante, mais Genius - pourtant présenté à la Berlinale – ne laisse aucun souvenir.

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PHOTO COURTOISIE Genius se concentre sur la relation d’amitié qui s’est développée entre l’écrivain Thomas Wolfe (Jude Law) et son éditeur (Colin Firth).

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