Le Journal de Montreal - Weekend
COUP DE CHAPEAU À JOHN GOODMAN
Dans 10 Cloverfield Lane, paru en DVD et VSD cette semaine, John Goodman tient sans doute un des meilleurs rôles de sa carrière, jouant mieux que jamais de son physique imposant et de sa vulnérabilité de gros nounours. Rarement en tête d’affiche, cet acteur polyvalent ne passe toutefois jamais inaperçu dans les films où il apparaît. En voici quelques exemples.
BARTON FINK (1991) 3
Dans les années 1940, un dramaturge se rend à Los Angeles pour y écrire son premier scénario de film.
Après le jouissif Arizona Junior, dans lequel il campait un hilarant détenu en cavale, Barton Fink est la deuxième collaboration entre John Goodman et les frères Coen. Dans cette évocation recherchée du Hollywood d’antan (qui préfigure le récent Ave, César!), Goodman incarne de manière jubilatoire le débonnaire mais mystérieux voisin de palier du protagoniste (hallucinant John Turturro), dans un hôtel où la chaleur crée une ambiance angoissante. Les surdoués cinéastes renoueront avec Goodman pour le jubilatoire Le grand Lebowski et le remarquable Être Llewyn Davis, dans lesquels sa présence, bien que plus brève, est toujours aussi inoubliable.
BABE, LE BAMBINO (1992) 5
La vie et la carrière du joueur de baseball George Herman Ruth, surnommé le Babe.
John Goodman était né pour incarner cette légende sportive plus grande que nature. De fait, sa performance imposante et sentie constitue la principale raison de visionner ce drame biographique inégal, qui navigue entre pastiche nostalgique et satire caricaturale. La photographie, parfois étonnante, s’inspire à bon escient du style pictural américain des années 1930, mais la mise en scène d’Arthur Hiller (Une histoire d’amour, Avec les compliments de l’auteur) manque de relief.
LES PIERRAFEU (1994) 5
Les tribulations de deux couples d’amis voisins qui vivent dans une banlieue à l’âge de pierre.
Encore une fois, on ne pouvait trouver mieux que John Goodman pour faire vivre en chair et en os l’exubérant Fred Caillou, dans cette joyeuse transposition en action réelle, d’un dessin animé devenu célèbre pour son cadre préhistorique et ses anachronismes irrévérencieux. Hélas, le résultat déçoit, vu l’absence complète d’idée narrative originale. Même l’humour n’arrive pas à alléger l’ensemble, qui croule sous la lourdeur de la réalisation de Brian Levant (La course au jouet) et la mécanique des effets spéciaux, au demeurant assez ingénieux.
TRUMBO (2015) 5
Dans les années 1940 et 50, le combat du scénariste hollywoodien Dalton Trumbo, mis sur la liste noire en raison de ses sympathies communistes.
Dans ce biopic plutôt superficiel de Jay Roach (la série Austin Powers), Goodman joue avec truculence un producteur de série B qui a permis à Trumbo (excellent Bryan Cranston) de survivre durant sa mise à l’index. La scène dans laquelle il expulse de son bureau un ennemi du protagoniste vaut à elle seule le détour.