Le Journal de Montreal - Weekend
C’est le temps de dire au revoir
La grande saga de colocation fantômes/humains s’achève. Le mois dernier, Le Journal a rendu visite à Sarah-Jeanne Labrosse, Yan England et compagnie lors de l’avant-dernière journée de tournage de L’appart du 5e, cette étonnante série jeunesse qui quittera les ondes de VRAK cet été. Avant la diffusion des huit ultimes épisodes du populaire drame fantastique, voici un compte-rendu de notre conversation avec les comédiens.
Quelle place occupe L’appart du 5e dans votre carrière?
Yan England (Théo) C’est une très, très grande fierté. Depuis le début. C’est un monde qu’on n’avait jamais vu au Québec avant: un mélange de suspense, d’horreur, de comédie… Tout ça sous un même toit… avec des effets spéciaux!
Sarah-Jeanne Labrosse (Vicky) L’appart du 5e, c’est ma rencontre avec le public jeunesse, parce qu’avant, j’avais seulement travaillé du côté adulte... sauf mon premier film, qui était un conte pour tous de Roch Demers. Bref, à mon école secondaire, je n’étais pas connue pantoute. Personne ne savait ce que je faisais. C’est un cadeau de faire une émission jeunesse. Ça m’a rapprochée des jeunes. C’est vraiment précieux, parce que c’est un groupe que j’aime beaucoup. Je suis vraiment chanceuse.
Marilou Morin (Justine) L’appart du 5e, c’est ma première expérience télé. En sortant du Collège Lionel-Groulx en 2011, j’ai fait un théâtre musical et tout de suite après, j’ai été engagée pour L’appart sans savoir dans quoi je m’embarquais. C’est incroyable! J’ai tout vécu sur L’appart: j’ai été possédée, j’ai été empoisonnée, je suis morte, j’ai été blessée, j’ai été malade… J’ai l’impression d’avoir touché à tout. Parce que c’est une émission jeunesse, certaines personnes du milieu vont peutêtre lever le nez mais moi, je dis : «Voyons donc! C’est la plus belle opportunité au monde!» Les gens pensent que faire du jeunesse, c’est souvent plus facile, mais c’est faux!
Paul Ahmarani (Hans Schmitt)
Jouer pour des jeunes, c’est quelque chose de très important. Plein d’émissions ont marqué ma jeunesse, autant Passe-Partout que Siocnarf, une série écrite par André Montmorency que tout le monde a oubliée. Ça nous faisait entrer dans des univers complètement éclatés. Faire vivre la même chose à une autre génération, c’est génial. De quoi allez-vous le plus vous ennuyer? Cynthia Wu-Maheux (Marianne) C’était une super belle famille. Et c’était un plateau très créatif. C’est très rare de pouvoir jouer autre chose qu’une fille qui prend des notes dans un calepin. On naviguait entre le drame, le fantastique et l’humour. Dans mon cas, jouer quatre facettes excessivement différentes d’un même personnage, c’était tout un fantasme de comédienne! C’était un beau défi. Je vais aussi m’ennuyer des textes, qui étaient toujours bien écrits. Les relations entre les personnages étaient sans cesse en évolution. On était toujours en mouvement.
Olivier Aubin (Gonzague) C’était très ludique. C’est comme jouer au cowboy quand t’es p’tit gars. Le pur plaisir de jouer à faire semblant d’être un fantôme. On a été gâté. Les personnages de fantômes étaient hyper extravagants. Ils avaient des personnalités fortes. C’était un fantasme d’acteur incroyable. Tu peux te permettre à peu près n’importe quoi : tu peux être méchant, tu peux être gentil… Et jouer pour des jeunes, c’est quelque chose d’assez exceptionnel. La première fois que je suis allé au gala KARV, ce fut un choc. On avait seulement quelques épisodes de tournés. J’étais arrivé en métro, pis j’avais été accueilli par des milliers de jeunes qui criaient! C’était surréaliste! J’étais comme un Beatles!
Guillaume Perreault (Greg) Je vais m’ennuyer de Greg. C’est un rôle qui m’allait vraiment bien. Et c’est l’un des projets qui correspondaient le plus à mes goûts. Étant moi-même un grand fan de films d’horreur, L’appart du 5e, c’est le genre de show que j’aurais aimé regardé plus jeune.
Yan England Je vais m’ennuyer de Théo. Il est mort en 1957. J’avais donc fait toute une recherche pour savoir comment il allait bouger, se tenir… Ça m’avait vraiment passionné d’explorer tout ça.
Paul Ahmarani J’ai été très choyé, parce qu’au début, personne ne croyait que Schmitt, mon personnage, allait jouer un rôle important. C’était une belle sur-
prise de voir qu’il demeurait très présent année après année. C’était le fun à jouer parce que c’était un personnage extrêmement méchant et machiavélique. Ça m’a donné la chance de jouer, de vraiment jouer.
L’appart du 5e a abordé plusieurs thèmes sérieux au fil des années, comme l’inclusion. Était-ce important pour vous de livrer un message?
Olivier Aubin Oui, ça parle d’inclusion, mais c’est fait avec subtilité. Parce que le but de L’appart du 5e, ce n’est pas d’être un show éducatif. Les auteurs n’ont pas essayé de «passer un message». Et c’est tant mieux, parce que c’est quand on essaie de «passer un message» qu’il finit par moins bien passer.
Cynthia Wu-Maheux Les jeunes sont loin d’être idiots. Ils sont constamment branchés. Ils sont très allumés.
Sarah-Jeanne Labrosse VRAK a pris un risque avec L’appart du 5e, parce que c’est une série qui demande beaucoup d’attention des téléspectateurs. Il y a beaucoup d’informations. Si tu manques un épisode, tu ne comprends plus rien. Vraiment! Même moi, dans un quiz sur
L’appart, je n’aurais pas 100 %... Pis je joue dedans!
Comment gérez-vous la fin de L’appart du 5e?
Sarah-Jeanne Labrosse Assez bien… Parce que je suis dans une super belle situation. J’ai d’autres choses devant moi. Mais les cotes d’écoute étaient encore vraiment bonnes. On avait encore beaucoup de sujets à exploiter. Je trouve ça dommage qu’on arrête ici. Ça m’a fait beaucoup de peine. Mais j’ai fini par l’accepter. C’est difficile, mais comme comédienne, je vais vivre ça toute ma carrière. On a fait 108 épisodes ensemble. C’est un gros morceau.
Marilou Morin La famille qu’on a créée est incroyable. La chimie est bonne: on s’entend vraiment bien. Ça rend les choses encore plus difficiles et émotives.
Guillaume Perreault C’est comme une mort: on passe par toutes sortes d’étapes. Une part de déni, de tristesse, de colère… Ça me force à réfléchir à mon avenir, d’autant plus que Yamaska et L’appart finissent sensiblement en même temps. Ça amène plusieurs questions. On peut dire qu’on fait du vide pour permettre à d’autres choses d’arriver. Ça peut aussi être une chance de prendre un break… Ça dépend. Personnellement, j’en suis à laisser les choses aller. Je n’ai pas eu de congé depuis mon cégep. Je vais donc profiter des prochains mois pour réfléchir. Ne serait-ce que pour mieux repartir après.
Yan England J’ai fondu en larmes en lisant le dernier épisode. C’est beaucoup d’émotions. Je souhaiterais qu’il y ait une suite, un film… mais bon...
Guillaume Perreault Il y a une petite déception pour tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire. On aurait pu explorer cet univers encore longtemps.
Marilou Morin C’est dommage qu’on arrête maintenant de raconter une histoire en laquelle les jeunes ont cru. Je dois aussi faire un gros deuil de Justine, mon personnage. Je n’ai pas beaucoup d’années de métier derrière moi. C’est la première fois que je vis ça. C’est moi qui l’ai créée. Je l’ai livrée avec mon coeur. Je l’aime. Et aujourd’hui, c’est comme si j’allais la mettre dans une boîte que j’allais ensuite brûler! C’est paniquant!
Comment avez-vous réagi en lisant le dernier épisode?
Sarah-Jeanne Les auteurs ont bouclé la série de belle façon. C’est un épisode satisfaisant. Tout le monde va être content. Ils n’ont pas pris les jeunes pour des nonos
Marilou Morin C’est tellement bon! Après la lecture, je suis restée quelques minutes en silence.
Guillaume Perreault Les auteurs ont habilement bouclé la boucle, mais on voyait des possibilités infinies. Marilou Morin J’ai juste envie de savoir ce qui va arriver après! La cinquième et dernière saison de
L’appart du 5e s’amorce le mardi 28 juin à 17 h à VRAK.