Le Journal de Montreal - Weekend
CHARLIE CHAPLIN, EN CHAIR ET EN CIRE
«Oh, mon Dieu, c’est lui!» En cinq mots, Eugène Chaplin a posé son sceau d’approbation sur la statue de cire à l’effigie de son père, Charlie Chaplin, au musée Grévin de Montréal.
«Je trouve ça hallucinant que, près de 40 ans après sa mort, j’aie encore la chance de parler de mon père avec des gens qui veulent m’entendre. Beaucoup de jeunes continuent de s’accrocher au message d’optimisme de ses films», relate-t-il.
Au cours des quatre dernières décennies, Eugène Chaplin a vu passer des dizaines de statues à l’effigie de Charlie Chaplin. La réaction n’est peut-être plus la même, mais il ne semble pas se lasser de ces différentes «rencontres» avec son père.
«La première fois, ça fait très bizarre. On a beau finir par s’habituer, mais ça reste très impressionnant», explique-t-il dans un français irréprochable.
En entrevue, c’est avec une tendresse évidente qu’il nous parle de Charlie Chaplin, l’homme derrière la légende. Peu de gens peuvent se vanter d’avoir appris à connaître celui qu’il était lorsque les caméras cessaient de tourner et qu’il retirait sa fameuse moustache et son chapeau melon.
«Tout le monde connaît le personnage, tout le monde l’a vu au moins une fois dans sa vie. Mais il y avait aussi l’homme derrière ce personnage, plus discret», avance-t-il.
«Comme tous les comiques, il était très sérieux. C’était un père très strict; il a connu la pauvreté et il savait à quel point l’éducation était importante. Beaucoup d’enfants sont mal élevés, et ce n’est pas leur faute: c’est parce qu’on ne leur a jamais appris les bonnes manières. Il nous a appris la discipline et je l’en remercie», poursuit Eugène Chaplin.
«L’ARGENT A PRIS LE DESSUS»
Il se questionne tout de même à savoir ce que son père penserait de l’industrie du cinéma actuelle, une industrie sur laquelle il a laissé sa trace indélébile.
«Le monde de l’argent a pris le dessus. Aujourd’hui, tout a un prix. Avant, les investisseurs acceptaient d’embarquer lorsqu’on arrivait avec une bonne histoire. Mais maintenant, il faut qu’un film soit une suite ou un remake pour que les gens acceptent d’investir. Il y a un grand manque d’imagination», déplore-t-il.