Le Journal de Montreal - Weekend

BELLE ET BRANCHÉE

BUDAPEST, Hongrie | Elle est belle, Budapest avec ses ponts, ses palais, ses places et son Danube. On n’a pas de mal à comprendre ceux qui la comparent à Paris. Mais ce n’est pas tout: Budapest est cool, aussi.

- Sarah Bergeron-Ouellet

Une serveuse distribue des carottes. Une bande de visiteurs fume la shisha dans un salon décoré d’animaux en peluche. Dans la cour intérieure, des clients sirotent leur bière sous des vélos et des lampes suspendus; il y a même un nain de jardin qui se balance au-dessus de leur tête. Et on ne vous parle pas du deuxième étage, de l’escalier en colimaçon, des projection­s vidéo, des plantes, des graffitis et de ces bars lovés dans les recoins du bâtiment. Difficile de décrire l’ambiance du plus fameux ruin pub de Budapest.

Le Szimpla Kert a ouvert ses portes en 2002, dans le 7e arrondisse­ment de la capitale hongroise, quartier juif tragiqueme­nt marqué par la Deuxième Guerre mondiale. C’est le premier des désormais nombreux ruin pubs de la ville, ces bars installés dans des bâtiments abandonnés. Dotés de cours intérieure­s et de décors éclatés, ou à tout le moins artistique­s et originaux, ils sont devenus un symbole de la culture alternativ­e de Budapest.

S’ils ont plusieurs points en commun, les ruin pubs sont tous différents et c’est pourquoi il vaut la peine de s’offrir une petite tournée. C’est facile, car plusieurs sont situés tout près les uns des autres.

Après avoir visité le Szimpla, l’Instant s’impose parmi les classiques à découvrir. C’est le plus grand des ruin pubs avec sept bars, sept scènes, six pièces et deux jardins. Non loin de là, on trouvera le Kuplung, avec ses lanternes et sa murale de baleine, le Doboz, dont la façade décrépite ne paie vraiment pas de mine, le Fogas, le Koleves et encore bien d’autres moins connus. Des auberges de jeunesse du quartier ont aussi leur propre ruin pub et certains restaurant­s installés dans de jolies cours intérieure­s rappellent le concept.

Le 7e arrondisse­ment, d’ailleurs, est plein de restaurant­s et de petits cafés branchés. Il faut y flâner ou, mieux, y loger le temps de son séjour. On pourra y goûter quelques spécialité­s hongroises (goulash, langos, vin Tokaj) ou pâtisserie­s juives traditionn­elles (comme celles de chez Frőhlich). Un peu plus loin, dans le 6e arrondisse­ment, sur l’avenue Andrássy, on trouvera des adresses élégantes et quelques chics cafés à l’ancienne, alors que sur la place Liszt Ferenc, on mangera pratiqueme­nt dans les buissons sur les terrasses entourant la statue du compositeu­r hongrois.

AUX BAINS

Pour se remettre d’une tournée des bars ou d’un excès de goulash, Budapest a la cure parfaite: les bains. La ville est construite sur des dizaines de sources thermales et elle compte de nombreux bains publics, dont certains ont des décors dignes du cinéma. C’est le cas des chics bains Gellért, louangés pour leur architectu­re Art nouveau, ainsi que des populaires bains Széchenyi, situés dans le parc Városliget.

Ce vaste complexe, ouvert en 1913, compte 15 bassins et trois piscines dont l’eau atteint jusqu’à 40 °C. Nous y sommes allés tôt le matin pour éviter les foules – précaution que l’on ne saurait trop vous recommande­r. Atmosphère paisible, édifices jaune serin, piscines bleu ciel, fleurs roses aux fenêtres, planchers en damier noir et blanc: cet endroit est un régal pour les yeux, qui rappelle à plusieurs l’univers du réalisateu­r Wes Anderson.

Si certains bains budapestoi­s ont conservé les traditions, comme la nonmixité et la nudité, les bains Széchenyi, très visités par les touristes, sont mixtes et se découvrent en maillot. Ici, on profite des eaux chaudes et vertueuses (bonnes pour les articulati­ons notamment, dit-on) aux côtés des habitués. On observe ceux qui jouent aux échecs bien immergés dans l’eau et ceux qui font des longueurs dans la piscine réservée aux sportifs. Puis, quand les foules commencent à arriver – et à rompre le charme –, on part tranquille­ment poursuivre son exploratio­n de Budapest vers un autre point d’eau: le Danube.

AU BORD DU FLEUVE

La chanson avait raison sur une chose: le Danube est beau. Bordé de grands monuments, le deuxième plus grand fleuve d’Europe appelle la promenade tant du côté de Pest que des collines de Buda (Budapest est formée de l’union de ces deux villes ainsi que d’Óbuda). Les guides touristiqu­es vous renseigner­ont sur les incontourn­ables de la ville, dont plusieurs sont situés non loin de l’eau, à commencer par le fameux Parlement à l’architectu­re néogothiqu­e, inspiré de celui de Westminste­r, et le palais de Budavár, construit en hauteur.

Pour les flâneurs, il y a aussi l’île Marguerite, avec ses sentiers et sa sympathiqu­e fontaine musicale et, bien sûr, il y a les ponts à traverser: le pont Elizabeth, le pont des Chaînes, le pont de la Liberté… Pour les voir s’illuminer, nous suggérons aux voyageurs d’aller siroter un verre de vin (hongrois) au bord du Danube dans un endroit comme ce bar Pontoon, avec hamacs et DJ, sur lequel nous sommes tombés par hasard, au pied du pont des Chaînes. Budapest est encore plus belle à la nuit tombée.

 ??  ?? Le Parlement de Budapest
Le Parlement de Budapest
 ??  ?? Les bains Szchenyi
Les bains Szchenyi
 ??  ?? Le Szimpla Kert
Le Szimpla Kert
 ??  ?? Au bord du Danube et du pont des Chanes, le bar Poonton
Au bord du Danube et du pont des Chanes, le bar Poonton
 ??  ?? Le pub Instant
Le pub Instant
 ??  ?? Le pont de la Liberté
Le pont de la Liberté
 ??  ?? La vue du bar Poonton
La vue du bar Poonton
 ??  ?? Le ruin pub Kuplung
Le ruin pub Kuplung

Newspapers in French

Newspapers from Canada