Le Journal de Montreal - Weekend
LE RETOUR MEL GIBSON DE
Cela faisait 10 ans que Mel Gibson n’était pas passé derrière une caméra, depuis Apocalypto, sur la chute de la civilisation maya.
Avec Hacksaw Ridge, qui se déroule sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, le cinéaste chrétien a expliqué avoir voulu livrer un «film sur l’amour».
Histoire vraie, Hacksaw Ridge raconte l’incroyable parcours de Desmond T. Doss (Andrew Garfield). Adventiste du septième jour, le jeune homme a refusé de porter des armes ou de tuer des soldats ennemis pendant la Seconde Guerre mondiale. Infirmier sur les champs de bataille de la guerre du Pacifique – notamment celui d’Okinawa –, il a été décoré par le président Truman qui lui a remis la médaille d’honneur, la plus haute distinction militaire.
Le sujet a immédiatement interpellé Mel Gibson qui a choisi de le traiter avec le réalisme – et donc avec de la violence crue – qui caractérise son style de réalisation. «Il faut se rappeler qu’Okinawa a été le théâtre de la bataille la plus sanglante du Pacifique-Sud, les Japonais l’ont décrite comme une pluie de métal, de balles, d’explosions. Du napalm a même été utilisé. Je tenais à ce que ça ait l’air vrai», a détaillé récemment Mel Gibson à Los Angeles en présentant son nouvel opus aux journalistes présents.
«De plus, je souhaitais ainsi souligner les conséquences, pour un homme de foi et de convictions, de se retrouver dans un enfer sur Terre, une situation qui ravale les hommes au rang de bêtes. Or, au milieu de ce maelstrom, cet homme est capable de canaliser sa spiritualité pour s’élever au-dessus de la guerre, au-dessus de la religion, au-dessus de tout.»
«Il se retrouve en plein conflit et pose des gestes d’amour en plein milieu de l’enfer. C’est la beauté de cette histoire. Pour moi, c’est le summum de l’héroïsme […] Pendant tous les combats auxquels il a pris part, Desmond mettait en pratique [les enseignements du Christ]. C’est pour cette raison que je pense que Hacksaw Ridge est une histoire d’amour, pas un film de guerre.»
AVOIR LA FOI…
Le réalisme visuel a été une préoccupation constante de Mel Gibson, jusque dans les moindres détails de la reconstitution des batailles, l’équipe des effets spéciaux et pyrotechniques ayant passé des semaines à planifier des séquences qui mettaient en scène de nombreux figurants.
Mais le réalisme psychologique et émotionnel a été celui d’Andrew Garfield, l’acteur américain et britannique de 33 ans confiant avoir prié pour entrer dans la peau de ce personnage exceptionnel.
«Il faut que je vous dise, avant toute chose, que le fait de tomber sur un tel projet, un qu’on a envie de faire qu’il faut qu’on fasse, est une chose extrêmement rare pour un acteur. C’est un sentiment particulièrement horrible que d’éprouver ce besoin viscéral de raconter une histoire et que ce besoin soit plus grand que les doutes ou la peur qu’on éprouve à jouer ce rôle.»
«Le poids de la responsabilité de l’hommage à la vie de cet homme dont les actes ont transcendé son appartenance religieuse s’illustre par une scène précise.
À un moment, Desmond se retrouve face à face à un soldat japonais. Il n’hésite pas une seconde à soigner un homme qui en a besoin. Il ne voit pas la couleur de la peau, il ne voit pas l’uniforme, il ne voit pas un ennemi, il voit un frère. C’est un acte qui transcende tout, un geste rare. Je voulais donc tout savoir avant le tournage, tout lire sur Desmond.»
«Je suis allé à Chattanooga, au Tennessee, là où il a pris sa retraite. J’ai visité son ancienne maison [NDLR Desmond Doss est mort en mars 2006], je suis rentré dans sa remise, je me suis servi de ses outils, je me suis promené autour du lac où il se promenait. J’ai passé une journée entière là-bas à prier, à demander à être guidé, à être accompagné. La préparation et le tournage de Hacksaw Ridge ont été une expérience empreinte d’une étrange spiritualité», a-t-il dit. Hacksaw Ridge a pris l’affiche dans tout le Québec le 4 novembre.