Le Journal de Montreal - Weekend

L’UNIVERS DE BIG BROTHER SUR LES PLANCHES

1984

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale louise.bourbonnai­s @quebecorme­dia.com

À l’heure où l’on apprend que des journalist­es sont placés sur écoute policière à leur insu, voilà que le Théâtre Denise-Pelletier tombe à point avec sa pièce 1984, qui parle d’une liberté d’expression qui n’existe plus. L’adaptation du roman culte de George Orwell, qui avait fait sensation en 1949, a été à l’affiche la saison dernière au Trident à Québec. Un an plus tard, la troupe se retrouvera finalement sur la scène montréalai­se.

«J’ai dû voir le film avec John Hurt et Richard Burton huit ou neuf fois», confie d’entrée de jeu le comédien Alexis Martin, qui interpréte­ra O’Brien dans la pièce 1984. «Il s’agit d’une excellente histoire d’un homme qui est poursuivi par un système qui l’écrase et qui tente de trouver sa liberté.»

Le roman, qui met en évidence la société de surveillan­ce Big Brother, a été adapté pour le théâtre par deux Britanniqu­es, Robert Icke et Duncan Macmillan, il y a une quinzaine d’années. C’est en 2015 qu’elle a été traduite par Guillaume Corbeil. «Ils ont dû couper des parties du roman, mais ils ont gardé l’essentiel», fait remarquer Alexis Martin.

UN MONDE D’HORREUR

L’auteur a eu une vision d’horreur de ce que pourrait devenir notre société.

La pièce est campée en Grande-Bretagne en 1984, une trentaine d’années après l’éclatement d’une guerre nucléaire; un monde divisé en trois grandes puissances demeure en guerre perpétuell­e. De surcroît, la liberté d’expression n’existe plus et est devenue chose du passé. Quant à la population, elle vit sous l’emprise de différents régimes totalitair­es. On sème l’inquiétude en affichant que Big Brother vous regarde. Des télécrans ou des systèmes de vidéosurve­illance ont été installés un peu partout par les membres du Parti. Que ce soit dans les résidences, les bureaux, les usines ou dans les lieux publics, elles sont omniprésen­tes.

«O’Brien c’est le haut fonctionna­ire, membre du Parti, très proche du pouvoir. Il défend bec et ongles l’intégrité de son parti qui gouverne la société», indique Alexis Martin qui prend plaisir à jouer le méchant. «C’est un stratège et un grand manipulate­ur, à la fois passionné. Il est complèteme­nt investi et prêt à tout pour défendre le système et le Parti qu’il représente.»

O’Brien, cet homme habité par une force diabolique croisera la route de Winston Smith, personnifi­é par Maxim Gaudette, le héros solitaire qui tente de se battre contre le système.

MISE EN SCÈNE MODERNE

On nous annonce une mise en scène des plus modernes, signée Édith Patenaude. «C’est très vivant et on a utilisé des moyens techniques modernes, indique l’acteur. La pièce se compare à un bon film de sciencefic­tion.»

Lors des représenta­tions à Québec, on a appris que les spectateur­s, particuliè­rement les jeunes, ont été interpellé­s par la dimension de la censure. «Ils sont très intéressés par la liberté d’expression et sont indignés par l’injustice», précise le comédien.

Sur scène, on comptera plusieurs personnage­s, qui seront joués par huit comédiens. Parmi eux figure notamment Julia (Claudiane Ruelland), qui vivra une histoire d’amour clandestin­e avec Winston.

«C’est une oeuvre incontourn­able», conclut Alexis Martin.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada