Le Journal de Montreal - Weekend
LES ANNÉES 50 REVISITÉES
Dans l’excellent Indignation, tiré du roman de Philip Roth, James Schamus (producteur des films d’Ang Lee, dont Histoire de Pi) nous transporte dans les années 1950, sur un campus américain. Le film rend bien le climat conservateur de cette période, marquée par la présidence d’Eisenhower. Et il fait bonne figure auprès d’autres très bons films campés à la même période, et réalisés ultérieurement. On n’a qu’à penser à…
BIENVENUE À PLEASANTVILLE (1998) 3
Dans cette toute première réalisation de Gary Ross (Seabiscuit, Hunger Games), un adolescent timoré (Tobey Maguire) et sa soeur plus délurée (Reese Witherspoon) sont projetés dans l’univers d’une série télévisée des années 1950. L’histoire sert ici de prétexte à une fable à la fois amusante et caustique sur la liberté et la tolérance, ayant pour cible les tenants d’un retour aux valeurs puritaines des années d’après-guerre. Tout en constituant un formidable exploit sur le plan technique, l’emploi métaphorique de la couleur donne à l’oeuvre un cachet poétique enivrant.
ED WOOD (1994) 3
Tim Burton (Alice au pays
des merveilles) reconstitue à sa manière bien personnelle la vie et la carrière d’un excentrique cinéaste, qui tourna dans les années 1950 une série de films étonnamment mauvais. Le film est d’abord une étonnante étude de moeurs écrite avec un merveilleux sens de l’observation ironique. Mais c’est aussi l’évocation souvent touchante d’une amitié peu banale entre un cinéaste raté (Johnny Depp) et une star déchue (Martin Landau). Il en résulte une oeuvre fort attachante et remplie de trouvailles formelles qui attestent l’imagination de son auteur.
LOIN DU PARADIS (2002) 2
En 1957, une mère de famille bourgeoise qui a surpris son mari avec un autre homme trouve réconfort auprès de son jardinier noir. Avec une élégance, un raffinement et une sensibilité remarquables, Todd Haynes (Carol) imite l’esthétique à la fois rigoureuse et somptueuse des vieux mélodrames en Technicolor pour brosser un portrait superbement évocateur de la société américaine des années 1950. La photographie et la direction artistique reproduisent avec un rare souci du détail l’époque de la fin des années 1950.
LOS ANGELES INTERDITE (1997) 3
Le plus grand film de Curtis Hanson (8 Mile), emporté il y a quelques mois par la maladie d’Alzheimer, nous reporte dans le Los Angeles des années 1950, où trois policiers aux méthodes bien différentes enquêtent sur une fusillade survenue dans un snack-bar. Baignant dans une ambiance de film noir et inspiré du roman de James Ellroy, le récit déborde de rebondissements et de pistes multiples. Le spectateur se laisse malgré tout entraîner par l’énergie de la mise en scène et le soin apporté à la reconstitution d’époque.