Le Journal de Montreal - Weekend
UN TRAVAIL IMMENSE POUR QUELQUES MINUTES DE GLOIRE
ORLANDO | Sept ans de travail, pour six minutes de gloire par soir. C’est ce qui résume le parcours de deux Québécois, Catherine Audy et Alexis Trudel, qui vivent un beau rêve depuis qu’ils ont intégré OVO, en avril dernier. Leur vertigineux numéro de san
Le Journal a assisté à deux représentations d’OVO à Orlando. Chaque fois, c’est le numéro de Catherine Audy et Alexis Trudel qui a reçu les plus forts applaudissements.
«Si je n’ai pas 100 % confiance en mon partenaire, je ne peux pas faire ce numéro-là, explique Catherine Audy. Si lui se sent bien, mais juste à 98 %, on ne le fera pas. Il y a trop de danger. À 40 pieds dans les airs, quand il te tient juste par la cheville, il ne faut pas que tu aies la moindre peur.»
Le Journal a suivi l’acrobate pendant une journée à Orlando, quelques semaines avant les spectacles prévus au Québec. Elle nous a raconté sa vie de tournée, à la fois glamour et excitante, mais aussi difficile: elle est sur la route 46 semaines par année.
DE LA CORNE AUX POIGNETS
Catherine Audy a les poignets durcis par la corne, trahissant un cumulatif de dix ans d’entraînement intense à la sangle aérienne. L’énergique jeune femme de 26 ans a d’abord entrepris des études en communications au cégep de Limoilou, avant d’aller chercher un second diplôme d’études collégiales à l’École de cirque de Québec, obtenu il y a quatre ans.
Depuis, elle n’a «jamais vraiment arrêté». Elle a débuté pour le Cirque du Soleil, sur Corteo, il y a trois ans, ainsi que dans certains événements spéciaux.
Elle a rencontré son partenaire Alexis Trudel à l’École de cirque. Le tandem a commencé à monter son numéro de sangles aériennes, qu’il peaufine chaque jour, avant chaque spectacle. C’est donc dire que les deux acrobates y travaillent constamment depuis... sept ans. «Depuis qu’on est sortis de l’école, notre numéro a toujours continué d’évoluer», soutient-elle.
UN QUOTIDIEN HORS DE L’ORDINAIRE
Le quotidien d’un artiste de cirque comporte toutefois des sacrifices: vivre loin de sa famille. La tournée est intense. La troupe passe une semaine dans chaque ville, à raison de sept spectacles du mercredi au dimanche. Après, c’est deux semaines de congé pour les artistes, qui peuvent repartir à la maison, avant de recommencer le manège de dix autres villes en dix semaines.
Catherine Audy se réjouit d’avoir le temps de visiter les villes durant les deux jours de congé qu’elle a chaque semaine. À Orlando, elle est allée passer deux jours à Walt Disney. «Il y a beaucoup de côtés positifs à faire de la tournée, mais l’éloignement des gens qu’on aime, c’est plus difficile. Il y en a qui voient leur famille une fois par année», confie l’artiste volubile avant sa séance d’entraînement.
Qu’en est-il de la vie de couple? C’est possible. Certains ont même des enfants pendant une tournée. «Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas facile. J’ai eu un amoureux pendant six ans, et quand j’ai commencé à être en tournée, ça s’est arrêté.»
L’APRÈS-CARRIÈRE
Catherine Audy pense à son après-carrière. «C’est une question qu’on se fait beaucoup poser, surtout par nos parents», dit-elle en riant.
Puisqu’elle souhaite rester dans le domaine des arts, Catherine suit un cours en photographie. Le Cirque du Soleil offre un montant d’argent chaque année à ses artistes pour s’inscrire à des cours et ainsi planifier leur après-carrière, qui n’est pas reliée au métier d’artiste de cirque. Le Journal a été invité par le Cirque du Soleil.