Le Journal de Montreal - Weekend
FORMIDABLE ISABELLE HUPPERT !
Adapté du roman Oh… de Philippe Djian, Elle a été réalisé par Paul Verhoeven (Basic Instinct) et met en vedette une distribution éblouissante, dont Isabelle Huppert dans le rôle principal.
Le mariage de Philippe Djian et de Paul Verhoeven a quelque chose d’étonnant et de détonnant, surtout quand Isabelle Huppert incarne l’héroïne de cette histoire troublante.
Lorsque s’ouvrent les premières images d’Elle, Michèle (Isabelle Huppert) est en train de se faire violer par un inconnu masqué qui s’est introduit dans son pavillon cossu de banlieue parisienne. La suite des événements, elle, est tout sauf banale. Car Michèle n’appelle pas la police, ne se rend pas à l’hôpital. Blessée par une agression violente qui lui laisse un oeil au beurre noir comme seul signe extérieur, elle nettoie le verre cassé, prend un bain pour se laver du sang qui coule et accueille son fils Vincent (Jonas Bloquet) avec un plateau de sushis.
Peu à peu, le spectateur – rivé à l’écran en raison de la prestation absolument inoubliable de l’actrice – voit apparaître les autres personnages du roman. En adaptant Oh…, les personnages du roman sont restés caricaturaux à l’extrême, Michèle étant le point d’ancrage, la «normalité» de cette histoire aux rebondissements et aux révélations parfois abracadabrants. Femme forte, volontaire, sachant ce qu’elle veut et décidée à se battre, Michèle s’inscrit dans la tradition des protagonistes féminins étudiés par Paul Verhoeven au travers de ses oeuvres, Basic Instinct étant la comparaison qui s’impose immédiatement.
FROIDE DOMINATRICE
Étrangement, c’est la force de Michèle, sa détermination, sa froideur, qui font qu’on a du mal à éprouver de la compassion ou de l’empathie à son égard. De plus, les hommes sont aussi faibles, manipulables et prisonniers de leurs pulsions que Michèle est capable de les dominer. Ce déséquilibre constant, doublé à une fin bien moralisatrice et à l’intrigue prévisible (le spectateur trouve la réponse à la question «Mais qui est le violeur?» extrêmement rapidement), fait d’Elle un long métrage dont la qualité ne tient qu’au jeu des acteurs, Isabelle Huppert en tête.