Le Journal de Montreal - Weekend
L’ÎLE IMAGINAIRE
Pays Film de Chloé Robichaud Avec Emily VanCamp, Macha Grenon, Nathalie Doummar
Après Sarah préfère la course, la cinéaste Chloé Robichaud offre une allégorie dans laquelle chacun pourra voir ce qu’il veut.
Trois femmes. Trois femmes dont les portraits sont présentés au début de Pays. Danielle Richard (Macha Grenon, merveilleuse dans ce rôle qui semble fait pour elle), Emily Price (Emily VanCamp, parfaite de naturel) et Félixe NasserVilleray (Nathalie Doummar, impeccable). C’est en suivant cette dernière qu’on apprend que l’île imaginaire de Besco, pays indépendant au large des côtes du Canada, ouvre des négociations pour exploiter ses ressources naturelles.
La délégation canadienne, en plus de compter Félixe, jeune élue de 25 ans, comprend le ministre Paul Rivest (Rémy Girard). Danielle Richard, elle, est la présidente de ce petit État et Emily Price est l’Américaine bilingue agissant à titre de médiatrice entre les deux pays. Voilà pour le cadre général.
NÉGOCIATIONS FÉROCES
Avec son style extrêmement particulier, Chloé Robichaud développe ensuite certains aspects de la vie de ces trois femmes; problèmes conjugaux, familiaux, politiques s’entremêlent ainsi et participent au récit principal. Car celui-ci porte sur les négociations pour l’exploitation des ressources minières de Besco. Entre les lobbyistes, une compagnie privée aux dents longues, les menaces à peine voilées des politiciens, les promesses qui ne seront pas tenues, Félixe, Emily et Danielle se débattent et gèrent la situation comme elles peuvent.
PERSONNAGES PEU DÉVELOPPÉS
Mais plutôt que de développer une alliance des trois protagonistes, Chloé Robichaud se concentre à la place sur des situations banales qui n’apportent qu’une toile de fond à peine plus détaillée que les personnages principaux.
Malgré ces nombreux et trop longs égarements, la réalisatrice québécoise, qui signe ici son deuxième long métrage, se sert habilement des paysages et de la lumière de l’île de Fogo, au Labrador pour appuyer ses propos. Femmes contre hommes, multinationales contre population, politiques contre bon sens sont autant d’affrontements qu’on devinera derrière ces négociations qui finissent par un accès de violence, un choix scénaristique plutôt étrange.
Impossible, au terme de Pays de comprendre le but de la démarche de Chloé Robichaud. Par contre, les prestations des trois comédiennes valent amplement le détour.