Le Journal de Montreal - Weekend
PERDRE SES REPÈRES ET SON IDENTITÉ
Le drame psychologique Je crois? plongera les spectateurs du théâtre Prospero dans un jeu de pouvoir opposant une soeur à la personnalité forte et son frère qui se perd dans une difficile quête d’identité..
La pièce de l’auteur français Emmanuel Bourdieu, créée à Paris en 2002, raconte l’histoire de Pauline et Jean, frère et soeur interprétés par Marie-Pier Labrecque et Samuël Côté. Leur histoire va s’échelonner sur plusieurs années, avec des sauts dans le temps. «C’est vraiment particulier comme situation», explique la comédienne Marie-Pier Labrecque, une habituée des scènes théâtrales montréalaises. «Il s’agit d’une relation malsaine entre un frère et une soeur.»
Cette relation, qui n’a rien de normal, débutera sur scène alors que les deux personnages seront enfants et se poursuivra bien plus tard dans l’âge adulte.
Enfant, Pauline obligera son frère cadet à prendre part à un jeu étrange, celui d’échanger d’identité. Si toi c'est moi, moi c'est toi peut sembler un jeu des plus anodins, pour des enfants, on verra que l’inversion du «je» pour le «tu» aura au fil du temps des conséquences graves pour le jeune garçon.
PROFONDE DÉTRESSE
«Jean va vivre une profonde détresse», révèle la comédienne, qui joue en quelque sorte la méchante dans cette histoire. «C’est un beau défi pour moi d’interpréter ce genre de personnage que je n’ai pas l’habitude de jouer», ajoute-t-elle.
Le pauvre garçon en viendra à perdre son identité.
Pire encore, on se questionnera sur la nature de cette relation entre Pauline et Jean. Domination, maternité ou bien inceste, plusieurs hypothèses traverseront l’esprit des spectateurs.
Puis s’ajouteront d’autres personnages, dont le mari de Pauline (Simon-Pierre Lambert) et Muriel (Florence Longpré), qui entrera en relation avec Jean. À partir de là, les choses se compliqueront davantage. «Pauline ne veut pas perdre son frère, elle devient méchante, voire même perverse», explique Marie-Pier Labrecque à propos de son personnage. «Il y a beaucoup de jalousie et de possessivité.»
RELATION ÉTRANGE
Au-delà de la quête d’identité de Jean, qui se fera avec beaucoup de mal, on verra que celui-ci n’arrive plus à penser par lui-même. Si bien qu’il n’aura aucune perception de sa personne autrement que par le regard des autres. Plus étrange encore, il parviendra à lire dans les pensées des autres. Avec son côté surnaturel, la pièce devrait piquer la curiosité. Marie-Pier Labrecque, que l’on voit au petit écran dans la série O’, prendra également place dans la série Unité 9 dans un épisode à venir. Après Je crois?, on la verra de nouveau sur les planches dès janvier au Théâtre La Licorne dans Une mort accidentelle, une pièce de François Archambault. Elle reviendra ensuite au Prospero en mars dans La cloche de verre.