Le Journal de Montreal - Weekend

UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ

- Isabelle Hontebeyri­e

Robert Zemeckis ne parvient pas à allumer la moindre flamme entre Brad Pitt et Marion Cotillard.

Les acteurs sont bons, le film est beau, mais alors, qu’est-ce qui cloche?

Dès les premières images – et personne ne s’en cache, pas même le scénariste Steven Knight (l’oubliable Closed

Circuit) –, on sent l’hommage appuyé aux films de guerre américains des années 1940, Casablanca en tête. La ressemblan­ce avec le long métrage mettant en vedette Humphrey Bogart et Ingrid Bergman s’entend dans les dialogues, se voit dans les costumes (Marion Cotillard porte le même chapeau que l’actrice suédoise) et les décors somptueux de la ville marocaine au point d’en devenir gênante.

EFFETS SPÉCIAUX DÉCEVANTS

Robert Zemeckis nous a habitués à la fois à un côté artificiel pleinement assumé (Boréal Express ou Beowolf) et aux effets spéciaux soigneusem­ent dissimulés (les fausses actualités dans Forrest Gump, la scène de l’écrasement dans Vol et les séquences prises du haut du World Trade Center dans La marche). Il use ici de ce procédé trop souvent, du parachutag­e de Brad Pitt dans le désert (ça sent l’écran vert à plein nez) à l’accoucheme­nt de Marion Cotillard sous les bombes. Si la technique peut faire s’extasier devant les prouesses techniques, elle a aussi – et malheureus­ement – l’effet de sortir brutalemen­t le spectateur de l’intrigue en lui faisant prendre conscience que rien de ce qu’il observe n’est réel. C’est ce qui se produit dans cet Alliés dont l’intrigue aurait été mieux servie par une immersion totale.

Sur papier, tant Marion Cotillard (oscarisée) que Brad Pitt (nommé) sont bons. Malheureus­ement, l’ex d’Angelina Jolie ne semble pas capable d’exprimer la moindre émotion, au contraire de sa prestation dans Légendes d’automne pour ne citer que ce rôle. Ici, les cheveux dûment teints pour le rajeunir, il essaye désespérém­ent de nous faire croire à son amour pour Marion Cotillard pendant pas moins de 124 minutes, mission dont il ne s’acquitte pas.

De surcroît, s’il parle bien le français, son supposé accent québécois – passées les premières minutes de fierté du fleurdelis­é – ne convainc absolument pas. Et l’on ressort donc de la projection avec le sentiment d’un rendez-vous manqué et l’impression de s’être fait donner une bien belle coquille, mais vide.

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