Le Journal de Montreal - Weekend
CÉLÉBRER LA DIFFÉRENCE
Une bouffée d’air frais a balayé le Québec dimanche dernier quand Charles Kardos a remporté La Voix Junior. Alors qu’en 2016, on parle beaucoup d’intimidation envers les enfants qui sortent du lot, le triomphe d’un jeune chanteur et pianiste aux cheveux b
Aux dires des parents de Charles, Nathalie Hérard et Christian Kardos, leur fils a toujours été différent. «Il ne s’est jamais caché de chanter, de jouer du piano, de danser et d’avoir des goûts un peu à part, déclare sa mère. Il était tout petit et déjà, il assumait bien ça. Les gens l’ont accepté comme ça. Ses amis aussi.»
La Voix Junior a certainement permis à Charles d’exprimer son unicité cet automne. Le Longueuillois de 13 ans s’est distingué des autres candidats du concours en choisissant des chansons d’artistes d’une autre génération, comme En chantant, de Michel Sardou, J’ai souvenir encore, de Claude Dubois, Bravo Monsieur le monde, de Michel Fugain, et Emmenez-moi, de Charles Aznavour.
De son propre aveu, Nathalie Hérard redoutait la réaction des camarades de classe de Charles après son audition à l’aveugle.
«J’avais un peu peur parce qu’il avait quand même pleuré sur scène, confiet-elle. Je craignais particulièrement la réaction des plus grands. Qu’est-ce qu’ils allaient dire? Mais finalement, non. Tout le monde était fier de lui.»
Charles n’a pas été le seul participant à échapper aux attaques gratuites qui envahissent souvent le web quand La Voix entre en ondes. Ayant épaulé Marc Dupré lors des deux dernières saisons régulières du concours, Alex Nevsky connaissait les débordements qu’une émission aussi rassembleuse pouvait provoquer sur Twitter et Facebook. À son grand étonnement, aucun incident fâcheux n’est arrivé.
«J’avais peur pour tous les candidats, admet le coach. Mais les gens ont compris. Avec La Voix adulte, c’est le festival du bashing sur Twitter. Durant La Voix Junior, je n’ai vu passer aucun mauvais commentaire. Je suis vraiment content. Tout était très positif. C’était assez exceptionnel.»
LE CENTRE D’ATTENTION
Charles Kardos semble avoir bien géré toute l’attention qu’il a reçue cet automne. Il faut dire que l’élève de secondaire 2 a toujours aimé le feu des projecteurs. Également comédien, il a joué dans quelques séries télé au cours des dernières années, comme Ces gars-là, Vrak la vie, L’heure à Laprise et Parents sous observation, en plus d’apparaître au cinéma dans Nuit #1, d’Anne Émond.
Gagnant du premier prix en interprétation chanson du Concours 2015 X-Plose La Scène, Charles a également tenu un rôle dans l’adaptation de Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens. Côté danse, le touche-à-tout a appris non seulement le hip-hop, mais la salsa.
«Charles a toujours été comme ça, souligne sa mère. C’était un petit gars différent. Il a toujours aimé les activités artistiques. C’est venu naturellement. Je ne lui ai jamais demandé s’il voulait suivre des cours de danse. C’est plutôt lui qui m’a dit, à six ans : “Maman, je veux danser”. On ne l’a jamais poussé. On n’est pas des parents un peu fous qui poussent leurs enfants à faire toutes sortes de choses qu’ils ne veulent pas faire.»
SOUTIEN FAMILIAL
Reconnaissant, Charles déclare qu’il n’aurait probablement jamais atteint la finale de La Voix Junior si ses parents n’avaient pas été aussi présents et disponibles.
«À la maison, ils m’ont beaucoup aidé à pratiquer, indique le jeune adolescent. C’est vraiment le fun. Mon père m’aide beaucoup au piano, tandis que ma mère m’aide pour l’interprétation.»
«On essaie de l’aider du mieux qu’on peut, précise Nathalie Hérard. Je n’ai pas de formation de chanteuse. J’y vais avec l’émotion.»
Sans nier l’apport des parents, Alex Nevsky indique qu’un talent d’interprétation comme celui de Charles, ce n’est pas quelque chose qui s’apprend.
«Il comprend vraiment ce qu’il chante, déclare l’auteur-compositeur-interprète. C’est de l’instinct. C’est comme le charisme: tu l’as ou tu ne l’as pas.»
DE SURPRISE EN SURPRISE
Bien qu’il ait une certaine expérience des plateaux de tournage, Charles avoue avoir été surpris par l’ampleur de celui de La Voix Junior.
«Je savais qu’il allait y avoir beaucoup de caméras, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de personnes en arrière, autant de fils... C’était beaucoup plus gros que tout ce que j’avais imaginé. C’était surprenant.»
Parions que côté surprises, Charles continuera d’en vivre plusieurs au cours des prochains mois. Parce qu’en plus d’entrer en studio pour enregistrer son premier album, il foulera les planches des centres Vidéotron et Bell en compagnie des autres participants du concours.
«Mon but, en faisant La Voix Junior, c’était d’avoir du fun, dit le principal intéressé. Je suis tellement fier de moi!»