Le Journal de Montreal - Weekend
SOUVENIRS DE VOYAGES
À Lafayette, ville située au coeur du pays des Cajuns, c’est dans le quartier de Saint-Martinville que l’on retrouve le plus grand nombre de noms français, même si notre langue n’est plus vraiment parlée par ici, sinon par quelques très vieilles personnes.
Sur la rue principale, on se donne des airs «parisiens» avec des cafés-terrasses situés juste devant l’église à côté de laquelle on trouve un magnifique monument à la mémoire d’Évangéline.
Oui, il s’agit bien de cette jeune fille qui, après avoir été déportée de l’Acadie en Louisiane, a fini par retrouver son beau Gabriel, lui aussi déporté, mais à bord d’un autre navire.
Voilà bien un hommage à un invincible amour entre deux êtres que les aléas de l’Histoire essaient d’arracher l’un à l’autre. Connaissez-vous l’expression «l’amour est plus fort que la police»?
Cette histoire imaginée par le poète Longfellow en 1847 devient tellement populaire que ses personnages deviennent des symboles internationaux. Le romantisme cajun rayonne alors de par le monde et, sur place, on s’assure d’avoir des «vestiges» de cette histoire à montrer.
J’avais à mes côtés, en voyage, des Québécois d’origine acadienne qui étaient fort émus devant la statue d’Évangéline et son chêne. Que dire de ce chêne? La pancarte nous explique que c’est ici qu’Évangéline a «rencontré» Gabriel… ou plutôt «retrouvé»? Ce n’est pas clair. Une des versions de l’histoire dit qu’Évangéline apprend sous cet arbre que Gabriel s’est remarié et qu’alors, par fidélité pour son amour impossible, elle meurt. Déjà que le chêne d’Évangéline a été désigné par hasard au 19e siècle, celui qui attirait les touristes encore en 1902 a été vandalisé. On a donc dû choisir un autre vieux chêne à Saint-Martinville pour en faire l’arbre d’Évangéline… comme quoi ce pèlerinage est un peu une arnaque! Ma douzaine de covoyageurs acadiens se sont fait avoir!