Le Journal de Montreal - Weekend
QUÊTE DE BONHEUR UNE CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ CAPITALISTE
C’est à travers le regard de jeunes filles à la recherche de la perfection que se fera la critique de notre société de consommation. Cette création contemporaine de l’Espace Go, Manifeste de la Jeune-Fille, qui prendra l’affiche dans quelques jours, se ve
«C’est une pièce où une jeune fille veut être à la mode et au goût du jour», explique la tête d’affiche du spectacle, Maude Guérin, qui fait un retour à l’Espace Go après plusieurs années d’absence. Sur scène, elle sera entourée de Marc Beaupré, Stéphane Crête, Emmanuelle Lussier-Martinez, Joanie Martel, Monique Miller et Gilles Renaud.
Dans cette pièce de l’auteur Olivier Choinière, chaque acteur représentera sur scène cette jeune fille à la recherche de la perfection. «Nous sommes tous la jeune fille, explique Maude Guérin. Elle n’a pas d’âge et n’a pas de sexe.»
Il sera principalement question de ces jeunes femmes souhaitant projeter l’image parfaite, notamment celle qui est véhiculée dans les magazines féminins.
C’est après avoir lu le livre Premiers matériaux pour une Théorie de la Jeune-Fille que l’auteur a voulu monter une pièce sur le sujet. Si cette lecture a été pour lui l’élément déclencheur, c’est tout un processus de création qui s’en est suivi, auquel même les comédiens de la distribution ont participé.
La pièce s’amorcera avec un défilé de mode. Sept top-modèles défileront sans réfléchir véritablement à ce qu’elles font, habitées d’un sentiment d’insouciance. On cherche le bonheur et chacun proposera sa recette pour être heureux. Un achat, une nouvelle garde-robe, un projet de voyage ou encore une histoire d’amour. Mais on tentera de démontrer que ce bonheur est en fait fragile. «Chaque personnage souhaite échapper au système capitaliste dans lequel on vit, fait remarquer la comédienne. On tente d’atteindre un bonheur en revendiquant des choses.»
LA FEMME-OBJET
L’auteur critique cette femme-objet qu’il compare, ni plus ni moins, à de la marchandise. «Que l’on veuille vendre une automobile, une marque de bière ou des rideaux de douche, l’image d’une jeune fille attire l’oeil et attise le désir de consommer, explique l’auteur Olivier Choinière. Par extension, la jeune fille est présentée comme l’état désirable de la condition humaine.»
En fin de compte, on voudra transmettre l’idée que la jeune femme consomme pour être désirable afin d’être consommée, c’est-à-dire désirée.
En plus d’explorer cette quête de bonheur fondé sur l’image, la pièce aborde plusieurs autres thèmes. «La pièce se joue en trois temps et chacun se terminera par une mort», révèle Maude Guérin. «On retrouvera une ode à la jeunesse, une ode à la manifestation et une ode à l’attentat.»