Le Journal de Montreal - Weekend
L’ARCHÉOLOGUE DE MUSIQUE ANCIENNE
RELAXNEWS | À 76 ans, Jean Claude Malgoire exhume inlassablement des oeuvres enfouies du répertoire classique à l’Atelier lyrique de Tourcoing , mettant un point d’honneur à jouer avec des instruments d’époque.
L’attachement de ce hautboïste de formation au son originel lui vaut bien des épithètes: «Archéologue de la musique», «artisan musicien», ou encore «excavateur de trésors oubliés»...
La représentation le 7 février à Tourcoing du Cambiale di matrimonio, un opéra que Rossini a composé à 18 ans et tombé dans l’oubli, vient encore prouver son désir de ressusciter des partitions.
«La démarche était de retrouver le son d’origine, ce qui est une utopie, car on n’était pas là pour l’entendre», glisse Jean-Claude Malgoire, barbe blanche en couronne. «On a dû faire quasiment une enquête policière au niveau des instruments, car ils existent dans différents musées, on peut prendre des cotes, faire des copies très fidèles», explique-t-il de son intarissable faconde.
RETOUR AUX SOURCES
Dans l’univers de la musique classique, il en a pourtant dérouté certains en interprétant des partitions de manière plus enlevée car «pour le public mélomane, Mozart c’était Karajan ou Karl Böhm, pour lesquels j’ai un immense respect mais qui sont un anachronisme musical, jouant très lentement’.
Et de livrer cette anecdote: la durée de son Requiem de Mozart se limitant à 54 minutes, bien plus court que ceux enregistrés par Böhm et Karajan (70 minutes), sa maison de disque lui avait demandé de rajouter trois autres oeuvres pour arriver au bout du disque vinyle... Aujourd’hui, Jean Claude Malgoire a néanmoins la certitude d’avoir «gagné la partie»: «même dans les festivals aussi conventionnels qu’Aix, on joue Mozart avec des instruments originaux», se félicite-t-il.