Le Journal de Montreal - Weekend
UNE HISTOIRE PERCUTANTE
Nul doute qu’il s’agit d’une incroyable histoire que l’on tente de nous raconter ces jours-ci au Théâtre Duceppe avec la pièce Ne m’oublie pas. Bien qu’il s’agisse d’un sujet percutant, auquel s’ajoutent de très bons acteurs, la pièce ne restera pas gravé
Au Théâtre Duceppe À l’affiche jusqu’au 25 mars
C’est toujours très touchant de découvrir une triste histoire qui est réellement survenue. Celle-ci a été écrite par l’auteur australien Tom Holloway, qui tente de dénoncer le sort de milliers d’enfants enlevés de leur famille en Grande-Bretagne pour être expatriés en Australie. Ces enfants ont été traités en esclaves et plusieurs d’entre eux ont été victimes d’abus sexuel.
La pièce est centrée sur le sort d’un de ces enfants, Gerry, magnifiquement interprété par François Papineau. Enlevé à l’âge de 4 ans, il a passé son enfance à travailler comme esclave dans une ferme. Les années ont passé et comme on lui avait fait croire que sa mère était morte, l’homme aujourd’hui dans la cinquantaine n’a jamais entamé de recherches pour tenter de retrouver les siens.
DE BELLES ÉMOTIONS
Les acteurs nous font passer par une belle gamme d’émotions. Colère, rage, tristesse, réconciliation, tout y passe. Gerry est devenu un homme colérique, violent et dépendant à l’alcool. Heureusement pour lui, l’homme brisé par la vie sera pris en charge par sa fille, Nathalie (Marie-Ève Milot), qui répond à ses besoins financiers trop souvent liés à l’alcool. C’est elle qui entreprendra des démarches auprès d’un organisme afin de faire la lumière sur le passé de son père.
L’histoire est extrêmement touchante, particulièrement lorsque l’on regarde Mary, la mère de Gerry, personnifiée avec brio par Louise Turcot, qui parvient malgré sa santé fragile à transmettre tout son désarroi en apprenant que son fils est vivant.
HISTOIRE DÉCONSTRUITE
Bien qu’il s’agisse d’une prémisse des plus intéressantes, la pièce est malheureusement très mal présentée. On a non seulement joué avec des sauts dans le temps à outrance, mais on a aussi déconstruit la pièce en confondant rêve et réalité au point d’en perdre l’intérêt. C’est principalement la mise en scène de Frédéric Dubois qui fait défaut. En plus de manquer d’éclat, elle aurait mérité d’être peaufinée. La scène est tristement dénudée et les quelques meubles ternes qui constituent le décor servent à tous les lieux. Que l’on soit à Melbourne en Australie ou bien à Liverpool en Angleterre, le décor demeure le même, seuls les éclairages font pressentir que nous sommes ailleurs.
Avec un tant soit peu d’imagination, on parvient à passer outre cette scénographie peu brillante en se concentrant sur la belle performance d’acteurs.