Le Journal de Montreal - Weekend
UN ÉTAT DANS L’ÉTAT
Si l’on va dans la Petite Italie, dans l’église la plus typique de la communauté italo-québécoise, qui préfère malheureusement trop souvent se dire Canadian et parler l’anglais, on trouve, peint sur l’abside au-dessus de l’autel, un portrait de Benito Mussolini à cheval. Très peu de Montréalais savent ça.
Voilà une raison de plus de permettre aux touristes d’aller zieuter l’intérieur de ce bâtiment religieux, qui est un chefd’oeuvre architectural signé Guido Nincheri. Pourquoi est-ce que je vous parle de Mussolini, le dictateur italien? Parce que c’est lui qui a donné à l’Église catholique ses États pontificaux. Le Vatican est un mini-État indépendant enclavé dans Rome.
Au cours d’un séjour dans la Ville éternelle, j’ai demandé à me rendre à la villa Torlonia, la demeure de Mussolini, et le chauffeur de taxi a refusé net. Il a dit: «Je suis de gauche et je refuse de montrer les vestiges fachos.»
J’aurais pu lui dire que tous les vestiges historiques m’intéressent. Je ne vois pas pourquoi il faudrait se priver de la pédagogie des lieux historiques sous prétexte que tel ou tel est de droite ou tel ou tel est de gauche.
Au Vatican, le mercredi, il y a foule. Mais comme vous le voyez sur les photos, une pluie intense peut aider à repousser les hordes de visiteurs et permettre de voir la grande place un peu dégagée, jusqu’à ce que le pape se montre et que, quel que soit le temps qu’il fait, il y ait des masses de gens.
Ayant demandé une audience spéciale avec le pape à l’évêché de Montréal, le cardinal Turcotte m’a adressé à un responsable catholique de Rome. Avec une centaine de privilégiés, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, sous un chapiteau, j’ai pu rencontrer le pape Benoît XVI, ou du moins le voir de très près, tandis qu’il exprimait ses voeux dans une vingtaine de langues.
D’origine allemande, il a utilisé le français avant l’anglais ou sa langue maternelle, parce que c’était encore pour lui la langue de la diplomatie. J’ai beau ne pas être un ange de dévotion, j’ai été très impressionné par l’aura de cet homme de Dieu. Mais je me suis aussi dit: voilà quelqu’un qui parle dans le vide. Il a les mots de paix et d’amour à la bouche, mais qui l’écoute? Qu’est-ce que ça change?